Le Journal de Montreal - Weekend
UN NOUVEAU DÉPART
En novembre dernier, Kaya, également connu sous le nom de Francis Martin, présentait son premier album après un retrait du milieu artistique qui aura duré plus de 15 ans. Avec Born Under the Star of Change, disque en anglais réalisé par le musicien Russ Desalvo, celui qui s’était juré de ne plus jamais chanter a décidé de laisser une deuxième chance à l’artiste qui sommeillait en lui.
L’histoire du retour de Kaya débute en février 2011. Alors occupé par la gestion de sa maison d’édition (Univers/cité Mikael) et ses engagements d’auteur et de conférencier, Kaya reçoit un appel des recherchistes de Fidèles au poste !, qui souhaitent l’inviter à participer à une émission spéciale enregistrée dans le cadre du 50e anniversaire de TVA. Contre toutes attentes, l’ex-chanteur accepte d’aller chanter son succès Quand
on se donne sur le plateau d’éric Salvail. « Le lendemain, j’ai reçu un appel d’un producteur qui m’offrait son studio gratuitement pour que je puisse enregistrer un nouveau démo, a-t-il raconté. Je dois admettre que j’ai trouvé que ça allait vite. »
Malgré tout, le chanteur finit par accepter l’offre. Au moment de choisir les chansons qu’il souhaite enregistrer, il se voit dans l’obligation de contacter Russ Desalvo, avec qui il avait amorcé la création d’un album en anglais pour EMI, 15 ans auparavant. C’était juste avant qu’il sombre dans une profonde dépression.
« Ça faisait 15 ans que je ne lui avais pas parlé. On était tellement proches, à l’époque. Nous étions comme des frères, a-t-il raconté. Quand je l’ai rappelé, c’est là qu’il m’a dit qu’il voulait faire partie de mon projet, qu’il ne me laisserait pas le mettre de côté une
deuxième fois. »
UNE CHUTE DOULOUREUSE
C’est sans aucune gêne que Kaya aborde la période sombre de sa vie, celle qui a suivi son retrait du milieu artistique.
« J’ai vécu à New York pendant presque deux ans. Je travaillais avec Russ sur ce disque, mais plus j’avançais, moins je me sentais bien, s’est-il rappelé. Même si tout était beau et merveilleux, même si j’étais dans de beaux hôtels et que je me promenais en limousine, je n’étais pas bien dans ma peau. J’avais besoin de faire autre chose. »
Au moment où il décide de tout aban- donner, Kaya ne s’inquiète pas de son avenir financier, puisqu’il vient tout juste de toucher un héritage qui faisait de lui un homme indépendant de fortune : « À ce moment, je ne pensais jamais revenir. J’avais fait 20 ans de musique et j’avais besoin de découvrir autre chose. J’avais 26 ans. J’ai tourné la page sans donner d’explications. J’étais mélangé. »
Avec le recul, il affirme comprendre que le public ait pu trouver son comportement étrange, voire complètement décalé.
« Bien des gens n’ont pas compris ce que je vivais et ce que je faisais et je comprends, a-t-il affirmé. J’ai connu la grande solitude. J’ai vécu durant des années comme un ermite. J’ai aussi fait des voyages partout dans le monde. J’allais marcher sur des plages et je versais toutes les larmes de mon corps. Les gens ne comprenaient pas. Je ne faisais partie d’aucune secte et je n’appartenais à aucune religion. Par contre, je me suis plongé dans mes rêves. C’était intense. J’en recevais 10 à 50 par nuit. C’était étrange, mais en même temps, ça me fascinait. Je voulais comprendre ces états d’âme. C’est devenu une véritable passion. »
PRÊT POUR LA SUITE
Aujourd’hui, alors qu’il se prépare à
lancer son album aux États-unis, le 13 mars prochain, Kaya se dit grandi de toutes ces années de quête personnelle. C’est pour cette raison qu’il n’a pas hésité à aller rejoindre Russ lorsque celui-ci l’a invité à New York. Fort de son expérience et de ses nombreux contacts, celui qui a assuré la réalisation de son album l’a également aidé à se bâtir une nouvelle équipe.
« À ce moment, ce qui comptait, c’était son amitié. Je n’ai pas pensé à la machine. Je me disais que si ça ne marchait pas, je n’avais pas à poursuivre J’ai autre chose dans la vie, maintenant. » C’est ainsi qu’est né Born Under The
Star of Change et que le chanteur dit avoir retrouvé tous les bons côtés de ce métier qu’il a toujours aimé. La pression de vouloir plaire à tout prix, il s’est promis qu’elle ne reviendrait jamais dans sa vie.