Le Journal de Montreal - Weekend
Le Québec débarque à Toronto
Pour une troisième année consécutive, on peut s'attendre à une razzia québécoise lors de la 32e remise des Prix Génie, qui se tient jeudi soir, à Toronto.
Avec respectivement treize et neuf mises en nominations, Café de Flore et Monsieur Lazhar font office de grands favoris pour respecter les exploits de Polytechnique (9 prix Génie en 2010) et Incendies (8 prix Génie en 2011).
Même s’il compte moins de nominations que son rival québécois, Monsieur Lazhar, du réalisateur Philippe Falardeau, pourrait surfer sur la vague d’une récente candidature aux Oscars et faire main basse sur plusieurs prix, tout comme l’avait fait Denis Villeneuve, l’an dernier, avec Incendies.
Il serait cependant étonnant que Café de Flore reparte les mains vides. Hélène Florent fera d’ailleurs le voyage à Toronto. Celle qui pointe parmi les favorites pour le Génie de la meilleure actrice dans un second rôle garde cependant la tête froide et assure qu’elle n’a pas l’ambition de repartir avec le trophée.
« Être nominée, c’est vraiment quelque chose de touchant et formidable. C’est déjà beaucoup. Je ne mentirai pas, c’est certain que je vais penser à ce que je vais dire. Mais ne pas être nommée n’enlève rien au travail qu’on a accompli. Je suis finaliste aux Génie, mais pas aux Jutra et ça ne me fait rien. Je suis contente pour les autres actrices en nomination », confie-t-elle.
Quant à Starbuck, qui lorgne six prix Génie, il est déjà assuré de repartir avec la Bobine d’or, qui est remise au film ayant amassé les meilleures recettes (3,5 millions de dollars).
L’EFFET GÉNIE ?
Mais une victoire aux Génie pour un film québécois est-elle gage de succès au Canada anglais ? Par le passé, rares sont les longs-métrages de la Belle Province qui ont trouvé leur public dans le ROC.
Après avoir amassé 10 millions et 3 millions au Québec, des films à succès comme Bon cop bad cop et Incendies se sont contentés de recettes avoisinant le million de dollars dans les provinces anglophones.
La directrice par intérim de l’académie canadienne du cinéma et de la télévision, Helen Stephenson, croit qu’un changement apporté au règlement cette année concernant la période d’admissibilité donnera un coup de main aux films primés aux Génie.
« Les films présents sont plus actuels. Anciennement, la carrière en salles des films en nominations était terminée au moment de la cérémonie. Mais cette année, trois des cinq films nommés pour le meilleur long-métrage sont encore en salles. Ce n’est jamais arrivé et cela pourrait avoir un impact sur leur popularité », croit Mme Stephenson.
« Avec le nouveau souffle qui a été donné aux Génie, les cotes d’écoute ont augmenté de façon importante et on espère créer un engouement », renchérit la directrice générale de Téléfilm Canada, Carolle Brabant.
« Nous sommes loin des chiffres des Oscars, mais l’an dernier, les cotes d’écoute étaient intéressantes et ça devrait permettre, sinon de faire augmenter les ventes, du moins de mieux faire connaître nos cinéastes », ajoute-t-elle.
BEL AVENIR POUR LES FILMS CANADIENS
Quant aux longs-métrages du Canada anglais, qui peinent depuis la nuit des temps à se démarquer en raison du rouleau compresseur de Hollywood, l’avenir s’annonce plus rose, assurent Mmes Stephenson et Brabant. Cette dernière croit même que les films canadiens obtiennent désormais autant de succès que ceux du Québec.
« L’année dernière, A Dangerous Method (en lice pour 11 Génie) a rayonné à l’international. Nous avons des succès comme Goon (numéro un au box-office canadien la semaine dernière). Depuis l’an dernier, on voit davantage un équilibre que par les années passées dans le succès que remportent les productions canadiennes et québécoises. Par exemple dans les films qui s’en viennent, il y a Cosmopolis, de David Cronenberg, qui soulève beaucoup d’intérêt. Il y a aussi Midnight Children, le nouveau Deepa Metha (nommé à l’oscar du meilleur film en langue étrangère pour Water, en 2007) », explique Mme Brabant.
« Si on compare à il y a dix ans, c’est incroyable de voir le succès qu’ont maintenant les films canadiens. Et ça va aller de mieux en mieux. Les films sont fantastiques », conclut Helga Stephenson.