Le Journal de Montreal - Weekend

LA CHANCE DU DÉBUTANT

Beaucoup de travail et un peu de chance ont permis au cinéaste montréalai­s Ivan Grbovic de réaliser son premier long-métrage. En salle vendredi prochain, Roméo Onze cartonne depuis plusieurs mois sur le circuit des festivals et révèle le talent naturel dé

- Cédric Bélanger Agence QMI

Difficile de croire que ce garçon atteint de paralysie cérébrale n’avait jamais mis les pieds sur un plateau de tournage avant qu’il devienne Rami, un jeune Montréalai­s d’origine libanaise, timide et complexé par son handicap, qui tente de trouver l’amour sur Internet en se faisant passer pour un riche homme d’affaires. C’est au Collège Ahuntsic que Grbovic a déniché Ammar. Un vrai coup de chance, avoue le cinéaste, qui avait coécrit son film avec sa conjointe, Sara Mishara, sans s’imaginer que trouver à Montréal un acteur d’origine libanaise handicapé aurait pu s’avérer une mission impossible. « C’était un peu naïf de ma part », dit celui qui désirait une personne réellement handicapée pour jouer le rôle de Rami. « J’ai un peu de mal à voir des films comme My Left Foot, où Daniel-day Lewis offre une performanc­e virtuose. Mais ce n’est pas le handicap qui est vu, mais la virtuosité d’un acteur capable de jouer le handicap. » « Par chance, relate Grbovic, on a trouvé Ali. Son professeur a vu l’annonce sur le babillard du cégep et lui a soumis le projet. Il a vraiment été mon choix dès le départ.

« C’est la quatrième personne que j’ai vue. Souvent, on entend des histoires de réalisateu­rs qui ont vu 10 000 personnes pour trouver un acteur. Moi, j’en ai vu 15. »

EXPÉRIENCE

En plus de devenir l’acteur principal du film, Ali Ammar a permis à Grbovic d’enrichir son scénario avec son expérience « parce que je ne suis pas handicapé ni Libanais », indique le cinéaste.

Rencontré au Festival du film de Toronto, Ammar a confié avoir adoré son expérience de cinéma, lui dont l’adolescenc­e a été remplie des mêmes tourments qui habitent son personnage de Rami.

« Je me souviens que ce fut une période très difficile. De secondaire 1 à 4, c’était l’enfer. Le regard des autres, la différence.

« Quand tu es jeune, c’est difficile à accepter », dit celui qui s’est si bien adapté au plateau de tournage qu’il lui fallait souvent une seule prise pour tourner une scène.

« Je me préparais 24 heures à l’avance. Je rentrais chez moi, je regardais les scènes que j’avais à faire et j’allais chercher des souvenirs, des photos notamment pour les scènes où j’avais besoin de pleurer. »

D’origine serbe, Ivan Grbovic a délibéréme­nt choisi une autre communauté que la sienne pour installer son récit.

« Je ne voulais pas ce que soit un film autobiogra­phique », dit celui qui, même s’il a vécu à Los Angeles, a aussi tenu à tourner à Montréal, dans sa ville. « Montréal est une ville riche où il y a beaucoup d’histoires possibles. Je voulais raconter une histoire à travers une communauté autre que des Québécois de souche. La famille est libanaise, mais ça ne parle pas d’immigratio­n, de racisme ou de guerre. Je voulais faire une histoire classique, mais avec des acteurs qu’on ne voit pas généraleme­nt. »

PRIMÉS DANS LES FESTIVALS

Le résultat a plu puisque Roméo Onze a remporté plusieurs prix : mention spéciale à Karlovy Vary et récompense­s en Grèce, en France et au FNC ont marqué le parcours du film, présenté dans une vingtaine de festivals. « Je suis vraiment heureux de la réception, qui est différente dans chaque pays. Chacun voit ce qu’il veut voir dans le film. C’est une belle expérience. »

Roméo Onze prend l’affiche le 9 mars à Montréal et Québec.

 ??  ?? Ali Ammar, un acteur au talent naturel.
Ali Ammar, un acteur au talent naturel.
 ??  ??
 ??  ?? Le réalisateu­r Ivan Grbovic lors du tournage de Roméo Onze, en compagnie d’ali Ammar.
Le réalisateu­r Ivan Grbovic lors du tournage de Roméo Onze, en compagnie d’ali Ammar.

Newspapers in French

Newspapers from Canada