MARÉCAGES (3)

Par son manque d'empressement, Simon provoque indirectement la mort d'un bébé veau, que son père Jean comptait vendre pour soulager les finances précaires de leur ferme laitière des Cantons-de-l'est. Et peu après, c'est par une fausse manoeuvre que l'adolescent tue accidentellement son paternel. Au comble du chagrin, Marie, l'épouse bien-aimée de Jean, tourne le dos à son fils, qu'elle a du reste toujours tenu responsable de la noyade de son autre garçon, survenue il y a quelques années. À la fois rongé par la culpabilité et révolté par ce traitement cruel, Simon trouve réconfort auprès de sa grand-mère paternelle, ainsi que dans son fantasme pour le fils du fermier voisin. Présent lors de l'accident de Jean, Pierre, étranger dans la région, s'impose de plus en plus à la ferme, où ses intentions d'aider la veuve et l'orphelin révèlent bientôt son désir de séduire Marie.

L’AVIS DE MEDIAFILM.CA

Auteur des Affluents, trilogie de courts métrages acclamée par la critique et déjà campée dans le terroir, Guy Édoin a tourné sur la ferme familiale un premier long impressionnant, à l'évidence nourri de son expérience personnelle. Économe, laconique et bien ficelé, le récit aborde avec une grande subtilité plusieurs thèmes porteurs : la condition précaire des agriculteurs au Québec, l'homosexualité en région, le passage à l'âge adulte, la puissance de l'amour devant l'adversité, etc. Tour à tour impressionniste et hyperréaliste, la mise en scène précise et maîtrisée d’édoin évoque par moments le cinéma cru, tellurique, percutant, de Bruno Dumont ( L'humanité) et de Rodrigue Jean ( Yellowknife). Luc Picard se donne à fond dans son rôle de fermier courageux et aimant mais au caractère irascible, et François Papineau joue avec aplomb un survenant énigmatique, qui souffle constamment le chaud et le froid. Quant à l'épatante Pascale Bussières ( Ma Vie en cinémascope), elle se surpasse en veuve déboussolée, habitée par la rancoeur envers son adolescent perturbé aux failles touchantes, incarné avec conviction par Gabriel Maillé.