Le Journal de Montreal - Weekend

UNE HISTOIRE LABORIEUSE mais au coeur de l’action

Après cinq longues années de développem­ent, l’arrivée d’alan Wake, en 2010, avait donné un regain de vie au genre du jeu d’action « shoot-'em-up ». Inspirée de David Lynch, Stephen King et de Neil Gaiman, l’histoire était celle d’un écrivain qui affronte

- Steve Tilley Agence QMI

Les créateurs du studio finlandais Entertainm­ent ont accouché d’un deuxième volet à l’histoire, mais sans pour autant créer la suite directe à laquelle auraient pu s’attendre les amateurs du jeu original. Voici donc Alan Wake's American Nightmare.

PRISONNIER DE SON ÉMISSION

Télécharge­able depuis Xbox Live pour environ 15 $, cette nouveauté situe plus ou moins l’action à l’intérieur de la série télévisée fictive Night Springs, une sorte de pastiche de Twilight Zone pour lequel Wake a déjà écrit des scénarios. Prisonnier de ce monde qu’il a lui-même imaginé, notre héros se promène entre un vieux motel miteux, un observatoi­re au sommet d’une colline et un ciné-parc bordé de cactus, dans ses efforts pour lutter contre l’incarnatio­n de son propre côté sombre, M. Scratch.

Les trois sites sont visités trois fois chacun dans une boucle répétitive à la Run Lola Run, tandis que Wake affronte les Taken (possédés), des gens ordinaires corrompus par les forces surnaturel­les de l’ombre. Une façon judicieuse de recycler ces endroits lourds d’atmosphère en les adaptant au contexte progressif de l’histoire.

MAUVAIS ÉCRIVAIN

Par contre, un détail agace dans American Nightmare, et c’est le fait qu’il s’agisse d’une histoire sur un auteur célèbre dans laquelle ledit écrivain est franchemen­t mauvais. Cela passerait mieux si le personnage de Wake était présenté d'emblée comme un auteur médiocre qui ne sait qu’aligner des clichés dans sa prose morne, un peu comme le Max Payne de Remedy se voulait presque une parodie des durs et décapants policiers des thrillers noirs.

Plus encore, le potentiel d’un jeu dont l’action se situe à l’intérieur de l’émission de télévision créée par le héros luimême n’est jamais réellement exploité. Les quelque 50 pages manuscrite­s éparpillée­s sur les sites d’american Nightmare aident bien à préciser le fond de l’histoire, mais ces textes pompeux empestent si fort l’incompéten­ce littéraire crasse que le jeu frôle dangereuse­ment l’écrasement. Il y manque également le petit côté sinistre du premier jeu, générateur d’une délicieuse tension.

MÉCANIQUE HEUREUSE

Fort heureuseme­nt, l’action elle-même compense ces excès et lacunes. La mécanique lampe de poche/arme à feu, mise de l’avant dans le jeu original, constitue également le coeur d’american Nightmare : Wake se sert de sa lampe de poche pour griller le bouclier d’ombre qui protège les Taken, puis il les descend avec son arme du moment. L’idée est simple, mais efficace et toujours satisfaisa­nte.

Au mode principal, qui prend de cinq à six heures à compléter, s’ajoute un mode arcade palpitant où le joueur doit affronter des vagues d’ennemis dans des décors variés. Il faut survivre pendant 10 minutes en tuant le plus de Taken possible. Le pointage est ensuite affiché au système de classement en ligne du jeu.

Verdict : pour un titre télécharge­able à 15 $, Alan Wake's American Nightmare offre passableme­nt de viande sur l’os, considéran­t son prix modeste. Si seulement cette action captivante et cette mécanique intelligen­te n’étaient pas presque complèteme­nt gâchées par une histoire aussi laborieuse et dénuée d’intérêt. Il est fort temps de vous trouver une nouvelle vocation, M. Wake.

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