Le Journal de Montreal - Weekend

Janine Sutto part jouer à Paris

Exceptionn­ellement, Janine Sutto ne sera pas présente lors de la trentième soirée-théâtre qui porte son nom, lundi prochain, au Théâtre Jean-duceppe de la Place des Arts. La comédienne, qui célébrera ses 91 ans au mois d’avril, sera partie pour jouer dans

- AGNES.GAUDET@JOURNALMTL.COM Agnès Gaudet

Les années se suivent et ne se ressemblen­t pas pour Janine Sutto. L’an dernier pour la 29e édition de la SoiréeThéâ­tre Janine Sutto, elle était présente à serrer des mains, même si elle s’était fracturée la hanche quelques mois plus tôt.

Près de deux mois plus tard, sa chère fille Catherine, atteinte de trisomie 21, décédait à l’âge de 53 ans.

Cette année, Janine Sutto, malgré son âge avancé et ses épreuves de l’an dernier, part pour Paris jouer dans BellesSoeu­rs de Michel Tremblay, avec toute la troupe.

« On part samedi soir (aujourd’hui), dit-elle. On sera 27 sur le vol d’air Transat avec les musiciens. Les gens d’air Transat sont un peu inquiets. Et ils ont raison de l’être ! »

Le décès de sa fille Catherine, dont elle s’est occupée jusqu’à la fin, a beaucoup attristé Janine Sutto. Le deuil est très difficile à faire.

« C’est vraiment difficile, avoue la comédienne. Son départ laisse un grand vide. Pour une mère, le vide durera tout le temps. »

Mais aussitôt, Janine Sutto se reprend et parle de ce voyage à Paris qui l’emballe.

« C’est une grande aventure, dit-elle. On va jouer cinq semaines. C’est une grosse production. On va être 20 sur scène. J’ai hâte de voir ce que ça va faire. »

Janine Sutto, née d’une mère française, a encore des parents en France, dont quelques cousines, qui viendront la voir au théâtre, ainsi que le mari et les fils d’une amie, partie elle aussi, il y a un mois.

Heureuseme­nt, son personnage d’oli- vine Dubuc, se joue en chaise roulante. Janine Sutto, malgré sa récente fragilité peut donc continuer de le jouer.

La comédienne est un exemple pour bien des personnes âgées qui après s’être fracturé une hanche se laissent aller… Elle est la preuve qu’on peut s’en remettre.

« Il faut avoir un but, dit-elle, celui de marcher. Tous les jours à 7 h du matin, je fais de l’exercice. Je ne pourrai jamais danser le tango, mais je ne veux pas régresser. »

Désormais Janine Sutto marche avec une canne et quand elle sort au théâtre, elle se fait accompagne­r.

« J’ai peur du monde, avoue-t-elle, puisque c’est comme ça qu’est arrivé mon accident. On m’a bousculée et je suis tombée. »

UNE AIDE PRÉCIEUSE

Les organisate­urs de la trentième Soirée-théâtre bénéfice Janine Sutto, au profit de l’associatio­n de Montréal pour la déficience intellectu­elle (AMDI) ne lui en voudront donc pas trop d’être absente le 5 mars au Théâtre Jean-duceppe de la Place des Arts. La comédienne est leur porte-parole depuis trente ans.

« Cette soirée nous aide beaucoup, estime Madame Sutto, du point de vue financier puisque 800 personnes des gens d’affaires y assistent, et du point de vue culturel, parce que ces gens se déplacent au théâtre.

« C’est important pour sensibilis­er les gens à notre organisme, une des plus anciennes organisati­ons, fondée par les parents, une équipe très dynamique. »

L’AMDI a été d’une aide précieuse pour Janine Sutto qui durant 53 années a pris soin de sa fille Catherine (la jumelle de Mireille).

« Quand on s’occupe d’une personne différente, ça prend de l’aide, dit-elle. Parfois les parents hésitent, mais il ne faut pas hésiter. »

Cette année, la pièce présentée lors de cette soirée-bénéfice est L’oratorio de Noël, une création de Michel Tremblay mise en scène par Serge Denoncourt, avec, notamment, Raymond Bouchard, Monique Spaziani et PierreFran­çois Legendre.

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