Le Journal de Montreal - Weekend

LE PARTY DE BUREAU DES HUMORISTES

ÉTANT RÉGULIÈREM­ENT EN TOURNÉE AUX QUATRE COINS DE LA PROVINCE, LES HUMORISTES QUÉBÉCOIS ONT RAREMENT LE TEMPS DE FRATERNISE­R ENTRE EUX DURANT L’ANNÉE. C’EST POURQUOI ILS ACCORDENT BEAUCOUP D’IMPORTANCE AU GALA LES OLIVIER, QUI LEUR PERMET DE SE RETROUVER

- Raphaël Gendron-martin RAPHAEL.GENDRON-MARTIN@QUEBECORME­DIA.COM

Réussir à réunir 5 des 10 humoristes en nomination pour l’olivier de l’année à quelques jours du gala n’est pas une mince affaire. Mais c’est pourtant ce que nous avons réussi en regroupant Jean-michel Anctil, Philippe Bond, Jean-françois Mercier, Martin Petit et Mike Ward le temps d’une table ronde particuliè­rement comique.

Dimanche soir, ces cinq artistes espéreront repartir avec la précieuse statuette de l’olivier de l’année, face aux Chick’n Swell, Lise Dion, Philippe Laprise, Claudine Mercier et Jean-marc Parent.

Jean-françois Mercier, qui a remporté le trophée l’an dernier, reconnaît qu’il l’a caché chez lui durant un mois, de peur de se faire dire qu’il y avait eu une erreur dans les résultats. « J’étais sûr qu’on m’appellerai­t pour me dire que les votes pour JeanMichel (Anctil) avaient été déviés sur mon compte ! »

Jean-françois aimerait bien de nouveau repartir avec l’olivier de l’année, parce qu’il pourrait ainsi continuer de casser les oreilles à son équipe de l’émission Un gars le soir. « Chaque jour, je leur dis : « Bien sûr que c’est une bonne idée, j’ai gagné l’olivier de l’année ! »

GALA FRAGILE

De son côté, Philippe Bond reconnaît qu’une victoire de sa part dans la catégorie la plus prestigieu­se du gala serait un beau pied de nez à l’industrie, lui qui n’avait reçu aucune nomination l’an dernier pour son premier one man show.

Même si le gala Les Olivier en est à sa 14e année, Jean-françois Mercier remar- que que l’événement est toujours fragile. « À un moment donné, il n’y avait plus de diffuseur. C’est aussi un gala qui se fait bien gros ramasser. C’est quasiment du mécénat que d’animer le gala Les Olivier. Et aller faire une présentati­on au gala n’est pas super tentant. Ce n’est pas payant, on n’a pas de temps pour se préparer et on est ultra jugé pour ça. Si on gagne un trophée et qu’on remercie sincèremen­t le monde, on se fait dire qu’on aurait pu être plus drôle. Mais en même temps, j’ai l’impression que tout le monde est content d’avoir ça quand même. C’est peutêtre le seul gala qui est une vraie fête. » « C’est un party pour nous, dit Philippe Bond. On est tous en tournée d’un bord et de l’autre et c’est la place où tout le monde se croise. C’est aussi la soirée où les blondes des humoristes se disent qu’elles vont enfin rencontrer des collègues de bureau. » « C’est un peu comme notre party de bureau, ajoute Mike Ward. C’est aussi une grosse infopub pour l’humour. Les remises de prix, c’est juste pour montrer l’industrie. »

L’ANIMATION DES CHICK’N SWELL

Animer les Olivier n’est vraiment pas de tout repos. Martin Petit et Jean-michel Anctil peuvent en témoigner, eux qui l’ont déjà fait. « Je l’ai fait deux fois et c’est beaucoup de pression. C’est bien de la job pour un one shot. Je le referais, mais pas tout seul », dit Jean-michel. « Quand j’ai animé, je passais après Mar- tin Matte, dit Martin Petit. Mais personne n’a fait de comparaiso­n. Les gens avaient autre chose à faire que de se préoccuper des Olivier. J’ai toujours dit que la personne qui se rappelle le plus que t’as gagné un Olivier, c’est ta mère ! » « Ou les gars que tu as battus dans ta catégorie ! », rétorque Mike, en riant.

À propos du travail des Chick’n Swell, qui sont de retour à la barre des Olivier pour une quatrième année, les cinq humoristes sont unanimes : ils font un excellent travail. « C’est la première fois dans leur carrière qu’ils ont des moyens. Là, ça prend de l’expansion », dit Martin.

« C’est une belle générosité qu’ils ont d’animer. Ce serait probableme­nt moins de trouble pour eux de se monter un vrai show et de partir en tournée », dit Jean- François. « Celui qui va passer après les Chick, à l’animation, ce ne sera vraiment pas facile », dit Philippe.

FÊTE DES MÈRES

Cette année, le gala se déroule la journée de la fête des Mères. Que vont faire les humoristes ? « Je suis allé déjeuner avec ma mère dimanche passé parce que je savais que je n’aurais pas le temps le jour du gala », répond Jean-françois. « Moi ça me donne une excuse pour ne pas faire de cadeau ! », lance Jean-michel.

De son côté, Philippe Bond a décidé de faire un beau geste en invitant sa mère avec lui, au gala. « Elle est folle de joie. En même temps, mon père voulait avoir une soirée de libre ! Ma mère est allée s’acheter une petite robe. Je pense qu’elle est 100 fois plus nerveuse que moi. »

Les galas sont utiles pour les artistes de la relève. Les gens regardent les Olivier pour leurs vedettes préférées, mais ils découvrent d’autres humoristes qu’ils ne connaissai­ent pas. Ce sont ceux-là qui ont le plus à gagner. Quand j’animais les Olivier, je voulais donner le puck au plus grand nombre de personnes possible pour qu’elles puissent se faire un public. » Je suis le seul des cinq ici à n’avoir jamais gagné d’olivier. J’ai une belle tablette à la maison qui est là exprès pour ça. Il y a un trophée dessus que j’avais gagné au tournoi pee-wee de Saint-tite. Il y avait trois équipes au tournoi, dont une qui ne s’était pas présentée à cause d’une tempête de neige. On avait gagné le tournoi parce que le gardien de l’autre équipe avait une mononucléo­se et c’est un défenseur qui avait gardé les buts. J’aimerais juste ça enlever ce trophée-là et le remplacer par un Olivier. C’est soit ça ou je rentre par effraction chez Martin (Petit) pour en voler un ! (rire) » Gagner l’olivier de l’année, ça change tout et rien, en même temps. Je n’aurais jamais pensé que j’aurais pu gagner ça, que je pouvais être « la plus belle du bal ». Monétairem­ent, ça change tout. Quand tu fais un show corporatif, ce n’est plus le même prix. Ça a aussi donné une proximité au monde. Quand t’es une personne publique, le monde te parle, tu te fais aborder par des étrangers. Ça vient avec la job. Mais là, ils me touchent. Avant, je trouvais qu’ils se gardaient toujours une distance. Plus maintenant. » J’ai toujours gagné des Olivier du public, jamais de l’industrie. C’était pour l’olivier de l’année ou le spectacle le plus populaire. Une fois que tu l’as gagné, si tu le perds l’année suivante, tu te demandes si c’est parce que les gens ne t’aiment plus. C’est cliché de dire qu’on est touché d’être en nomination, mais c’est vrai. Et l’an passé, je crois que la plupart de ceux qui étaient en nomination pour l’olivier de l’année étaient contents de voir Jean-françois (Mercier) l’emporter. Cette année, je ne suis pas sûr que le monde va être aussi content ! (rires) » Au Québec, le monde aime l’humour, mais ce ne sont pas des connaisseu­rs d’humour. Je trouve le public québécois trop généreux. Juste le concept du standing

ovation… Au Québec, on se lève pour tout. J’avais animé au Grand rire de Québec et j’avais dit au public d’arrêter de se lever. »

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MARTIN PETIT JEAN-FRANÇOIS MERCIER MIKE WARD PHILIPPE BOND JEAN-MICHEL ANCTIL

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