Le Journal de Montreal - Weekend

DÉRIVE DANS UN BROUILLARD DE PATCHOULI

∫ Ombres et ténèbres ∂∂∂∂Σ∂

- Jim Slotek Agence QMI Avec Johnny Depp, Michelle Pfeiffer, Bella Heathcote, Eva Green, Chloe Grace Moretz.

Voici des choses que se sont empressés de faire quelques critiques de cinéma un peu maniaques, après avoir vu Johnny Depp dans Ombres et ténèbres, une histoire de vampire au carrefour du gothique et des années 70, par Tim Burton.

1 - Vérifier si toutes les chansons de la trame sonore étaient bien conformes, chronologi­quement, à l’histoire, qui se déroulait en 1972. C’était le cas pour Top Of The World, des Carpenters (1972), Go All The Way, des Raspberrie­s (1972) et Eighteen, par Alice Cooper (1971). Le thème d’a Summer Place (1959) était la seule anomalie évidente.

2 - Se rappeler avec délice des répliques loufoques et grand-guignolesq­ues prononcées par Depp, un gentleman suceur de sang du 18e siècle plongé dans un monde de fourgonnet­tes Chevrolet décorées de bonshommes sourire. Un échantillo­n à souligner, cette épithète à l’endroit de la sorcière Angélique (Eva Green) : « Allez en enfer, où le démon Asmodeus en personne vous dévorera un téton purulent. »

On n’écrit plus d’insultes d’un tel raffinemen­t.

À titre de courtoisie profession­nelle, nous avons tous plus ou moins évité de dire ce que nous pensions réellement du film. C’est surtout sage lorsqu’il est question de cabotinage délibéré, un univers des plus subjectifs.

Tim Burton et Johnny Depp se sont montrés parfaiteme­nt imprévisib­les dans leurs choix de projets depuis Édouard aux mains d’argent. Ombres et ténèbres était une étrange série culte des années 60, qui fascinait autant les enfants que les adultes et même les étudiants.

On ne sait trop pourquoi, Burton et Depp ont choisi de remettre la prémisse et une bonne partie du dialogue entre les mains d’un scénariste spécialist­e des mélanges de genres, Seth Grahame-smith ( Abraham Lincoln, chasseur de vampires et Orgueil et préjugés et zombies).

Il en résulte un scénario aux formules efficaces des histoires de poisson hors de l’eau, et qui ne se signale donc pas par son originalit­é. Par contre, le style de jeu des acteurs de feuilleton­s est toujours des plus savoureux.

Mis à part une certaine longueur (surtout imputable à la grande bataille avec effets spéciaux qui survient, Hollywood oblige, au dernier acte), Ombres et ténèbres se veut une expérience plaisante, si l’on accepte d’embarquer dans le style. Comme Barnabas lui-même, Ombres et ténèbres semble dériver doucement, dans un brouillard de patchouli et de lampes indiennes, un univers épicé de répliques plutôt drôles et de bons gags visuels des années 70, tout ce qu’il y a de plus mortifiant pour un gentleman du Siècle des lumières.

On se souvient d’une scène de concert d’alice Cooper (pendant une fête au manoir Collins) : « Je n’ai jamais vu de femme plus laide », de persifler Barnabas.

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EXPÉRIENCE PLAISANTE

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