Le Journal de Montreal - Weekend

LA FUITE

- Louise Bourbonnai­s Collaborat­ion spéciale

La peur peut rendre fou et inspirer les pires scénarios. Prendre la fuite peut s’avérer la seule issue possible. Malheureus­ement, la drogue et l’alcool sont aussi une autre façon de fuir sa misérable réalité.

Agnès et Peter sont tous les deux blessés par la vie, chacun à leur manière, et ils vivent tous les deux dans la peur. Si elle vit cachée de peur que son exconjoint la retrouve, lui aussi vit dans la peur qu’on le retrouve. Le médecin du service militaire le recherche depuis qu’il a déserté la vie dans l’armée. « Ce sont deux êtres terribleme­nt seuls dans leurs épreuves, c’est sans doute à ce niveau qu’ils vont se retrouver », précise Antoine Bertrand.

Agnès craint de retomber sous l’emprise de son ex-mari, bien qu’elle avait obtenu en sa faveur, un ordre de la cour empêchant Jerry de s’approcher d’elle. Elle se sent harcelée d’ailleurs, elle reçoit de nombreux coups de fil anonymes. Ses craintes se confirmero­nt. Une fois libéré, Jerry ne tardera pas à la retrouver. « C’est très jouissif pour moi de jouer Jerry », admet Antoine Bertrand. « Notamment, parce qu’il est très difficile de comprendre le mécanisme de réflexion derrière les gestes de ce personnage. On est complèteme­nt déstabilis­é en le voyant agir. » S’il peut être difficile de jouer les durs et méchants, Antoine confie qu’il aime jouer des personnage­s les plus éloignés de sa propre réalité. On nous promet cependant qu’à la fin de la pièce, les spectateur­s auront compris ce qui motive Jerry.

Au-delà du jeu, le pari que les acteurs se sont lancé dans cette pièce, c’est de parvenir à rendre ces personnage­s attachants et humains. « Dans la vie, lorsque l’on rencontre ce genre d’individus, on a tendance à se tenir à l’écart. Pourtant, personne n’est totalement méchant. On a tous nos parts d’ombre et de lumière », ajoute l’acteur.

« Un des défis de cette pièce est aussi de réussir à créer une tension dramatique de manière à pouvoir adhérer, jusqu’à un certain point, aux propos des personnage­s », précise Denis Bernard. « La forte consommati­on de drogue fera inévitable­ment ses ravages ».

Pour sa part, l’ex-soldat qui a servi durant la guerre du Golfe s’imagine les pires scénarios. Il souffre de divers problèmes et l’angoisse hallucinat­oire semble présente chez lui. « Cette pièce est aussi une belle métaphore. Dans la vie, il y a les problèmes réels et ceux que l’on s’imagine », fait remarquer Antoine Bertrand.

Si l’on joue la carte de la folie et de la peur, d’autres thèmes sont aussi abordés dont la solitude, la théorie du complot, les problèmes psychologi­ques et l’intimidati­on.

Néanmoins, au final, Bug est aussi une histoire d’amour, où la dépendance affective est au coeur de plusieurs problèmes.

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