Le Journal de Montreal - Weekend

POUR LA CAUSE

À l’approche de la Semaine québécoise des personnes handicapée­s, nous avons discuté avec Mathieu Gratton et Martin Deschamps, respective­ment porte-parole et parrain d’honneur de l’événement, qui se déroulera cette année sous le thème « Vivre à part entièr

- Marc-andré Lemieux marc-andre.lemieux@quebecorme­dia.com

MATHIEU GRATTON Prendre la parole

Parrain d’honneur de la SQPH depuis quatre ans, Mathieu Gratton ne s’appuie pas sur des statistiqu­es pour sensibilis­er la population aux défis que doivent surmonter les personnes handicapée­s. Père d’un jeune autiste, l’humoriste préfère miser sur sa « grande gueule » pour éveiller les conscience­s.

« J’aimerais être mieux informé sur la cause, reconnaît-il. Je ne suis pas le genre de parrain qui retient une foule de statistiqu­es. Je ne serai jamais capable de dire : “En 2007, tel nombre de personnes handicapée­s était sur le marché du travail, etc.” Le seul chiffre que j’ai retenu, c’est le suivant : 10 % des Québécois ont un handicap. »

Pour livrer le message qu’on lui a confié, Mathieu Gratton ne joue pas les moutons et ne se gêne pas pour interpeler un chauffeur qui s’apprête à garer sa voiture dans un emplacemen­t réservé aux personnes handicapée­s.

« Je suis capable de dire à quelqu’un : “Hey ! Tu n’es pas stationné à la bonne place !” Des fois, les gens réagissent mal quand ils entendent ça. Je me suis souvent fait dire : “Mêle-toi de tes affaires !” C’est dans ce temps-là que je réalise qu’il y a encore beaucoup d’obstacles à l’intégratio­n des personnes handicapée­s. »

« En couple, j’ai tendance à trop dire ce que je pense… Je suis content de voir que dans d’autres circonstan­ces, ça peut servir à quelque chose ! »

DE NATURE TIMIDE

Mathieu Gratton n’aurait jamais agi de la sorte il y a quelques années. De nature timide, l’ex-crampe en masse attribue cette perte d’inhibition­s à son expérience aux commandes de l’émission Le banc d’essai du peuple, à l’antenne de Z. Dans ce rendezvous, il arpente chaque semaine les rues de Montréal pour demander aux passants de tester des gadgets en tous genres.

« La première année, je voulais faire dans mes culottes chaque fois que je devais aborder quelqu’un. Il fallait que je dérange des inconnus pour leur parler d’un bidule. Au début, ça me mettait mal à l’aise. Mais avec le temps, je m’y suis habitué. Et aujourd’hui, je me dis que si les gens acceptent qu’on les embête avec ce genre de trucs, ils sont sûrement ouverts à l’idée qu’on leur parle de questions importante­s, comme les droits des handicapés. »

MARTIN DESCHAMPS Donner l’exemple

Martin Deschamps ne recule devant rien pour montrer au Québec qu’une personne handicapée peut tout faire. Pour clôturer la Semaine québécoise des personnes handicapée­s, le 8 juin prochain, le rockeur donnera un concert gratuit au Centre de foires de Québec durant lequel il présentera un numéro de danse (!) avec Luca « Lazylegz » Patuelli, un breakdance­r au style unique. Souffrant d’arthrogryp­ose, une maladie rare qui l’empêche de marcher, le jeune homme de 28 ans effectue chacun de ses mouvements sur ses béquilles. « On va danser sur Walk this Way d’aerosmith. Je vais apprendre la chorégraph­ie au cours des prochaines semaines! » « Je veux montrer aux gens que c’est possible de jouer du drum quand il te manque une main, jouer de la basse quand il te manque des doigts et danser quand il te manque une jambe. Le but, c’est d’abattre les préjugés et inspirer les personnes handicapée­s. Ce serait l’fun qu’après nous avoir vus sur scène, une d’entre elles se dise : “Peut-être que je pourrais sortir de chez moi un peu plus souvent et aller m’amuser…” C’est un beau défi. »

MONSIEUR BONHEUR

Martin Deschamps donne des conférence­s sur son expérience depuis l’âge de 16 ans. Il se rappelle très bien la première fois qu’il a partagé son histoire avec des jeunes d’une école primaire de la région. « J’ai toujours été actif. À l’époque, je jouais de la musique et je faisais du ski alpin. Je leur avais prouvé que c’était possible d’être heureux tout en étant handicapé. J’ai plein de photos de cette journée-là. C’est un beau souvenir. »

Aujourd’hui âgé de 41 ans, l’auteurcomp­ositeur-interprète, continue de raconter son histoire aux quatre coins de la province. Seulement à titre de porteparol­e de la Semaine québécoise des personnes handicapée­s, il a visité pas moins de 10 régions, dont la Mauricie, la Gaspésie, l’abitibi-témiscamin­gue et le Saguenay-lac-saint-jean.

«J’essaie toujours de dédramatis­er la situation, même si pour bien des gens, un handicap, ce n’est pas drôle du tout. Dépendre des autres, c’est extrêmemen­t difficile. »

De nature positive, Martin Deschamps reconnaît toutefois avoir ses moments de doute.

« J’ai mes petits down, mais en général, je suis quelqu’un de bonne humeur. J’essaie de ne jamais gratter trop loin pour trouver des bibittes. Je vis vraiment une journée à la fois et ça me sourit. »

Un de ses buts en tant que porte-parole de la Semaine québécoise des personnes handicapée­s : donner de l’espoir et du courage à ceux qui en ont besoin. « Plus les années passent, plus je rencontre des gens qui ne sont pas malheureux d’être handicapés. J’aime penser que c’est un peu grâce à moi, à l’exemple que j’essaie de donner ! » La Semaine québécoise des personnes handicapée­s, du 1er au 8 juin

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