Le Journal de Montreal - Weekend

SYMPHONIE EN RIRES MAJEURS

- Marc-andré Lemieux Le Journal de Montréal marc-andre.lemieux@quebecorme­dia.com

Le dernier passage de Michel Leeb au Québec remonte à 2007. Dans le cadre du festival Juste pour rire, il avait foulé les planches du Théâtre Maisonneuv­e en compagnie d’un trio de musiciens jazz. Cet été, il fait monter les enchères. Il dirigera L’OSM à la Maison symphoniqu­e de Montréal dans un concert mêlant humour et musique classique : le Hilarmonic Show.

Au moment de notre face à face, Michel Leeb revenait d’un bref séjour à New York. Un voyage d’affaires qui s’était transformé en réunion de famille. Entre deux rencontres avec des producteur­s intéressés à présenter son spectacle aux États-unis, le comique de 65 ans avait rendu visite à son fils, qui s’est installé dans la Grosse Pom- me il y a quelques années pour y suivre des cours de danse et de chant.

Est-ce un rêve de vous produire à New York ?

J’ai chanté à New York avec le Count Basie Orchestra en 2007. On avait sympathisé avec l’équipe, qui comptait encore quelques musiciens qui avaient accompagné les grands : Ella Fitzgerald, Sammy Davis, Frank Sinatra… Ces genslà, quand tu leur serres la main, tu leur baises les pieds en même temps !

En France, vous avez donné plus de 120 représenta­tions du Hilarmonic

Show… toujours accompagné du même orchestre. Avez-vous trimé dur pour convaincre 50 musiciens de jouer pour « un clown » ?

C’était un projet fou. Surtout en Europe, où la situation économique est terrible. C’était un challenge énorme, mais on a réussi à constituer un orchestre en donnant un coup de fil à l’opéra de Paris, par exemple. On a recruté des musiciens qui travaillai­ent un peu moins durant cette période creuse. On les a convaincus en leur disant : « Au moins, vous aurez du travail ! »

N’est-il pas dangereux de présenter un spectacle hybride qui risque de rebuter les amateurs d’humour et les fans de musique classique ? Craint-on de ne jamais rencontrer son public ?

Oui. On a pris des risques, on a éprouvé quelques difficulté­s au départ, mais je voulais aller au bout de l’histoire. Au final, on a tourné pendant un an et demi. C’est devenu quelque chose de formidable, qui a passionné à la fois les amateurs de musique classique et les néophytes. Plus la tournée progressai­t, plus que je me rendais compte qu’elle avait une fonction pédagogiqu­e pour tous ceux qui s’attendaien­t à voir des numéros de stand-up. Pour tous les adolescent­s qui ne savent pas qui sont Mozart et Beethoven. Quant aux initiés, ils étaient très curieux de voir comment on allait « massacrer » Bach et Tchaïkovsk­i. La plupart d’entre eux avaient l’esprit ouvert. Ils se disaient : « Voyons voir comment il va désacralis­er ce côté très pompeux et très élitiste associé à la musique classique. »

Pourquoi dites-vous que les Français ne sont pas des mélomanes ?

Les Français ne connaissen­t pas bien la musique classique. Ça ne fait pas partie de leur culture. On a plusieurs salles de concert, mais il n’y a pas d’effervesce­nce autour de la musique classique. Les Français n’avaient jamais vu quelque chose comme le Hilarmonic Show. Mais c’est un genre de spectacle qui existe partout ailleurs, particuliè­rement aux États-unis et en Allemagne.

La musique a toujours fait partie de votre vie. Vous avez d’ailleurs été chargé de la programmat­ion du Nice Jazz Festival pendant plusieurs années. Êtes-vous un musicien frustré ?

Terribleme­nt ! Si seulement j’avais été sérieux à l’adolescenc­e… Mes parents me payaient des cours de piano, mais ça me gonflait. Je n’étais pas conscient de l’enjeu. Tout ce que je me disais c’était : « Ils m’emmerdent avec leurs gammes, leur solfège, etc. Ça m’ennuie ! » J’aimais mieux faire le pitre que faire mes devoirs. Je ne foutais rien et aujourd’hui, je m’en mords les doigts. Si j’avais été courageux. Si je n’avais pas été paresseux, je serais compositeu­r ou musicien à l’heure actuelle.

Comment décririez-vous la sensation de diriger un orchestre symphoniqu­e ?

C’est comme plonger dans une piscine d’eau fraîche quand il fait très, très chaud. La musique vous rentre par tous les pores. C’est mieux que n’importe quelle chaîne stéréo ! Michel Leeb présente le Hilarmonic

Show du 26 au 28 juillet à la Maison symphoniqu­e de Montréal dans le cadre du 30e Festival Juste pour rire.

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