Le Journal de Montreal - Weekend
LES SAMOURAÏS AU MUSÉE
L’exceptionnelle collection d’armures de samouraïs du chercheur Richard Béliveau est arrivée au Musée Pointe-à-callière. Une équipe de 20 spécialistes monte en ce moment l’exposition et met en valeur les nombreuses pièces de ce noble casse-tête nippon.
Les caisses de merveilles sont arrivées au Musée Pointe-à-callière, saines et sauves, après que Richard Béliveau eut répertorié et photographié tous les objets de sa collection. Il a aussi terminé d’écrire le livre Samouraïs : la grâce des guerriers, qui accompagnera l’exposition. Pour lui, le gros du travail est fait. Ne reste plus que le grand défi de la logistique à relever.
« J’étais inquiet pour le transport, avoue-t-il, mais maintenant que tout est ici au musée, je me sens très en confiance. Pointe-à-callière est un musée de classe internationale. Il y a ici des spécialistes pour chaque chose ; l’éclairage, le montage, la présentation. Ils sont tous diplômés en muséologie et ils ont tous à coeur qu’on ait une belle exposition. »
La maison de Richard Béliveau, reconnu pour ses recherches sur le cancer, est bien vide sans ses amis samouraïs dénichés aux quatre coins du monde.
« J’ai dû me réajuster, admet-il, ce sont mes petits bébés. Ces armures, je ne les ai pas acquises dans un bloc, mais, durant 30 ans, une par une, lors de conférences que j’ai données à Paris, à Rome ou à Tokyo.
« Chaque objet a une histoire, comme cette lance de 12 pieds que j’ai achetée à un antiquaire japonais à Paris. Elle était trop longue pour entrer dans l’avion. Il a fallu l’envoyer par cargo. »
FLEUR DE CERISIER
Richard Béliveau espère que tous les petits garçons et petites filles du Québec voudront aller voir ses samouraïs. Il espère aussi que sa collection saura attirer des gens qui n’ont jamais mis les pieds au musée.
« Hier, j’ai rencontré individuellement trois hommes à la quincaillerie, racontet-il réjoui, dans le rayon des vis et des outils. Ils m’ont tous annoncé qu’ils se préparaient à venir voir l’exposition. »
Avec ses samouraïs, sabres, lances, casques et autres objets de sa collection – environ 200 –, toutes des pièces très an- ciennes, dont certaines datent du 13e siècle, Richard Béliveau veut avant tout susciter auprès des visiteurs l’émotion transmise aux objets par leur créateur. Il aimerait que les gens sortent du musée avec « quelque chose de changé ».
« Nous allons beaucoup parler de philosophie, dit-il. Les samouraïs n’étaient pas que des guerriers, mais des chevaliers qui utilisaient l’art de l’esprit. Ils avaient une philosophie très noble, faite d’humilité, de générosité. Ils pratiquaient les arts littéraires et artistiques en période de combat. Ils avaient une belle philosophie sur le sens de la vie. Les samouraïs se voyaient comme une fleur de cerisier qui a une très belle vie, mais très courte. »
On verra aussi de nombreux objets : du thé, de l’encens, de la calligraphie, des peintures, des jardins zen, beaucoup de yin et de yang.
POUR MIEUX VIVRE
« L’idée est de s’exposer à la beauté, précise Richard Béliveau, la beauté est libératrice de l’angoisse. Voir de beaux objets nous aide à mieux vivre. La beauté est salvatrice, elle nous donne du bonheur. »
L’exposition Samouraïs – La prestigieuse collection de Richard Béliveau suscite déjà l’intérêt à l’extérieur du pays. « Des gens de partout veulent venir », exulte le collectionneur. Je veux faire rayonner Montréal à l’international avec cette exposition. »
Agréable coïncidence, l'exposition Samouraï – Chefs-d'oeuvre de la collection Ann et Gabriel Barbier-mueller, est présentée en ce moment au Musée de la civilisation, à Québec, une raison de plus d’attirer les amateurs étrangers au Québec, cet été.
L’exposition du musée Pointe-à-callière commence dans quelques jours. L’équipe sera-t-elle prête?
« On est des guerriers, plaisante Richard Béliveau, on est prêts à monter à l’attaque! »
Samouraïs – La prestigieuse collection
de Richard Béliveau sera présentée en première mondiale, du 17 mai prochain au 31 mars 2013, dans le cadre des 20 ans du Musée Pointe-à-callière.