Le Journal de Montreal - Weekend
LES HUMORISTES SE PRONONCENT
PLUSIEURS ARTISTES SE SONT PRONONCÉS SUR LE CONFLIT ÉTUDIANT QUI PERDURE. MAIS PEU D’HUMORISTES L’ONT FAIT PUBLIQUEMENT. EN ENTREVUE AVEC JEAN-MICHEL ANCTIL, PHILIPPE BOND, JEAN-FRANÇOIS MERCIER, MARTIN PETIT ET MIKE WARD, LE JOURNAL EN A PROFITÉ POUR LEU
Martin Petit est le premier à répondre à la question sur le conflit étudiant, et l’humoriste est très volubile. « Je suis de la génération X. C’est la génération qui va avoir marqué l’histoire pour s’être complètement désintéressée de la politique. Dans les années 1980, il ne fallait pas s’occuper de ça. Tu n’étais pas cool si t’en parlais. C’était comme un aveuglement volontaire. On s’est fait tellement fourrer pendant les années qui ont suivi que, de voir des étudiants qui s’intéressent à la politique, aujourd’hui, je ne trouve pas ça super négatif comme éducation. »
« La hausse des frais de scolarité, ça va arriver de toute façon, car il faut suivre le coût de la vie, poursuit-il. Mais la qualité de l’implication des jeunes et leur conscientisation… C’est mieux ce qu’ils vivent là que ce que moi j’ai vécu, soit des années de désintérêt complet. Ça donne des citoyens qui ne connaissent absolument rien et qui se font avoir sur toute la ligne. »
« Les trois leaders étudiants que l’on voit en ce moment paraissent mieux que beaucoup de ministres qui ont le même temps de micro, ajoute-t-il. Ce ne sont pas des imbéciles. Je trouve ça rassurant de savoir que dans 20 ans, ce sont ces trois-là, et leur gang, qui vont s’occuper des affaires. Pendant des années, on ne donnait pas grand-chose de cette génération. On pensait que les jeunes ne feraient que jouer au Nintendo. Mais non, ils sont dans la rue et sont super impliqués. C’est impressionnant. »
SYMPATHIQUE AUX GRÉVISTES
Lui qui s’est présenté aux dernières élections fédérales, Jean-françois Mercier mentionne qu’il est d’abord embêté de répondre à la question. « Oui, je suis plutôt sympathique aux grévistes. Par contre, je n’ai rien contre ceux qui veulent retourner à leurs cours ou travailler. J’ai comme l’impression que le gouvernement se disait qu’il allait pouvoir augmenter les frais sans trop se poser de questions, car les jeunes étaient apolitiques. Il pensait pouvoir leur entrer de force la hausse dans les dents, mais ce n’est vraisemblablement pas ce qui se passe. Est-ce qu’il faut augmenter les frais de scolarité ? Je suis mal placé pour le dire. C’est un choix social et je ne me sens pas à l’aise de me prononcer. »
L’ÎLOT VOYAGEUR
À propos des blagues que Jean Charest avait faites, dernièrement, sur les étudiants et le conflit, Mike Ward et Philippe Bond indiquent qu’ils n’ont pas été choqués par les propos. « Moi j’ai trouvé sa ligne très drôle », dit Philippe. « Il ne devait pas savoir à quel point c’était grave, mentionne Mike. Il voulait faire rire son monde. »
Souhaitent-ils que Jean Charest soit réélu ? « Ce qui est absurde, c’est que c’est impossible qu’il soit réélu, mais il va sûrement l’être », répond Mike.
« La population devrait prendre exemple sur les jeunes qui se scandalisent sur les frais de scolarité, indique Jean-michel. Si on se scandalisait de toutes les fraudes qu’il y a eu ! Quand ils ont nommé l’entraîneur unilingue du Canadien, on ne parlait que de ça. Mais la même semaine, on a montré la photo d’un escalier à l’îlot Voyageur qui avait coûté 230 000 $ et qui montait directement dans le mur. On n’en a presque pas parlé. Moi ça m’a mis le feu au cul, bien plus qu’un coach anglophone ! »
LES PARTENARIATS PUBLICS PRIVÉS
« Moi, quand je fais faire des travaux chez moi, je les fais estimer avant. Et si ça dépasse les coûts, le gars s’arrange avec ses troubles en tabarnak ! dit Jean-françois. S’il m’estime ça à 6 000 $ et que ça coûte finalement 18 000 $, eh bien, il perd 12 000 $. Je ne paie pas une cenne de plus pour ça ! Les partenariats publics privés, si on a des pertes, ça s’en va au public, et s’il y a des profits, ça s’en va au privé. Les subventions aux industries, c’est bien beau, mais peut-on participer ? Comme ça, si ça va bien, on aurait un retour d’argent. »
« Le Plan Nord devrait passer à l’émission Dans l’oeil du dragon ! lance Martin, sous les rires de ses camarades. Ils devraient présenter le projet pour voir si les Dragons embarquent… »