Le Journal de Montreal - Weekend
UN EXERCICE DÉROUTANT MAIS BRILLANT
Alors que la France vient d’élire François Hollande comme président, le plus récent film du réputé cinéaste Alain Cavalier, Pater, jette un regard singulier sur les coulisses et les jeux de pouvoir d’une campagne présidentielle.
MAXIME. DEMERS@ QUEBECORMEDIA. COM
Pater met en scène un réalisateur (Alain Cavalier) et un acteur (Vincent Lindon) qui se prennent au jeu de se filmer en hommes de pouvoir. Cavalier s’improvise donc président de la République tandis que Lindon se glisse dans la peau de son premier ministre.
Se moquant de la frontière entre la fiction et la réalité, les deux amis se filment mutuellement, tantôt sous leurs véritables identités, tantôt dans la peau de leurs personnages fictifs politiques.
Mais au fil de leurs rencontres, les deux politiciens s’éloigneront l’un de l’autre et finiront par se présenter l’un contre l’autre.
Présenté l’an passé en compétition officielle au Festival de Cannes, Pater est un film totalement ludique et hors-norme qui analyse avec humour et audace les rapports de force entre les hommes de pouvoir, ainsi que la notion de vrai et de faux au cinéma.
Tourné de façon artisanale — sans équipe technique — et brisant pratiquement toutes les règles du cinéma conventionnel, Pater déstabilise d’emblée. Il faut parfois être patient et tenace pour s’accrocher à cet ovni cinématographique qu’on ne peut comparer à rien d’autre.
Au final, on se laisse emporter par le jeu complice des deux comédiens, leur intelligence, leur autodérision et leur humour caustique. Pater se révèle un exercice déroutant, mais brillant.