Le Journal de Montreal - Weekend
L’ANCIEN VÉTÉRINAIRE EST SORTI DE SA CAGE
Quelques jours après avoir été sacré Découverte de l’année, au Gala Les Olivier, François Bellefeuille retombait tranquillement les deux pieds sur terre. Pour l’ancien vétérinaire, ce trophée avait de quoi rassurer qu’il avait finalement fait le bon choix de carrière !
Raphaël
Gendron-martin
RAPHAEL.GENDRON-MARTIN@QUEBECORMEDIA.COM
Rencontré au Café des bois, sur l’avenue Mont-royal, François Bellefeuille est presque comme dans son salon, lui qui visite cet établissement sur une base quotidienne. « Je viens lire mon journal ici. Jean Leloup vient parfois faire des tours », dit-il. En entrevue, l’humoriste est posé, mais volubile. Il est toutefois à des milles de son personnage colérique qui s’emporte en parlant des faucons et des bananes. Quel est le parcours de cette nouvelle Découverte de l’année ? Né à Montréal, François Bellefeuille a grandi à Trois-rivières. « Ma mère travaillait en radiologie. » Très bon à l’école, avec une préférence pour la science et les mathématiques, il a naturellement poursuivi ses études en médecine vétérinaire. « Mes parents me mettaient de la pression. Ma mère n’avait pas eu la chance d’étudier autant qu’elle le voulait », dit-il.
RÊVE INACCESSIBLE
François rêvait depuis toujours d’être humoriste, mais ça lui semblait bien inaccessible, à cette époque. « Il n’y avait pas de soirées d’humour à Trois-rivières et je ne savais même pas que l’école nationale de l’humour existait! » Pendant ses études à SaintHyacinthe, il livrait souvent des numéros d’humour, dans les spectacles au café étudiant. « J’avais du fun. Je mettais tellement de temps là-dessus. J’étais déjà à l’aise devant le public. »
Après avoir fini sa médecine vétérinaire, il est parti travailler aux États-unis, « parce que c’était la mode, dans ce temps-là. Dans ma classe, on était huit à y être allés. Plusieurs sont revenus depuis. »
« MAIS TU N’ES MÊME PAS DRÔLE ! »
Pendant trois ans, de 2000 à 2003, il a travaillé dans une clinique d’urgence de petits animaux, à Warwick, au Rhode Island, à une heure au sud de Boston. « Je travaillais 70 heures par semaine, je faisais bien de l’argent américain. »
Mais puisque le Québec et ses amis lui manquaient, il a décidé de revenir dans la Belle province. Après avoir enseigné les soins intensifs à la clinique de l’hôpital vétérinaire de Saint-hyacinthe, il a passé une entrevue pour devenir chirurgien spécialiste en neurologie vétérinaire. « Je n’ai pas eu le poste et j’étais tellement content parce que j’aurais été malheureux. »
C’est alors qu’il a décidé de faire le saut et d’aller passer une audition pour faire l’école nationale de l’humour. « Je ne l’ai dit à mes parents qu’après avoir passé l’audition. Quand j’ai été accepté, la première chose que ma mère m’a dit, c’est : “Mais tu n’es même pas drôle !” Elle a eu
de la misère à l’accepter, au début. »
COLÉRIQUES AGRÉABLES
À sa sortie de l’école, François a continué son travail de vétérinaire à temps partiel, tandis que les spectacles d’humour en soirée commençaient à s’accumuler. En 2010, il recevait le Prix Révélation du Festival Juste pour rire pour son numéro sur les faucons. L’année suivante, il était nommé Coup de coeur des médias, du Zoofest, pour son spectacle de 60 minutes.
Il y a six mois, devant la demande qui ne s’essoufflait pas, François Bellefeuille a décidé de renoncer à sa licence de vétérinaire. « J’ai dû faire mon deuil de travailler comme vétérinaire. Ç’a été long, car j’aimais beaucoup ça. Mais aujourd’hui, je suis zen avec la décision. »
Sur scène, son personnage de colérique, qui lui a valu tant de bons commentaires, lui est venu de sa famille qui comprend plusieurs « colériques agréables », dit-il. « Il y en a qui font peur quand ils sont en colère. Moi, quand je le suis, on dirait que les gens ont le goût de rire. »