Le Journal de Montreal - Weekend

« C’EST UNE FORME D’HOMMAGE À MON PÈRE »

Ayant grandi dans les coulisses des théâtres où travaillai­t son père comédien et metteur en scène, le cinéaste Érik Canuel a replongé dans cette partie de son enfance en tournant le film Barrymore, qui met en vedette le légendaire acteur canadien Christop

- - ÉRIK CANUEL Maxime Demers MAXIME. DEMERS@ QUEBECORME­DIA. COM

La première fois qu’érik Canuel a rencontré Christophe­r Plummer, le célèbre acteur de 82 ans a tout de suite porté son regard sur les grosses bagues que porte le cinéaste québécois à chacun de ses doigts.

« Il a regardé mes mains et a dit : “ok…”, raconte Canuel en riant. C’est drôle parce que le producteur m’avait suggéré d’enlever quelques bagues pour ma première rencontre avec lui. J’avais refusé en disant : “il me prend comme je suis ou il ne me prend pas !”»

Cette première rencontre, qui a eu lieu à Toronto, a finalement plutôt permis aux deux artistes de découvrir qu’ils avaient plusieurs affinités.

« On m’avait dit avant ma première rencontre avec lui: “s’il t’invite à souper, c’est dans la poche”. Finalement, on a passé deux heures ensemble pendant lesquelles on a parlé de théâtre et de cinéma. Je lui ai parlé de mon pè- re (l’homme de théâtre Yvan Canuel) et de son expérience comme metteur en scène. Et il m’a parlé de son passé à Montréal, de ses frasques à New York. Eh oui, il m’a invité à souper! »

COMPLICITÉ

Projeté au Festival du film de Toronto en septembre dernier, Barrymore est une version filmée du one-man-show du même titre que Christophe­r Plummer joue sur les planches depuis plusieurs années et qui lui a valu un Tony Award en 1997.

S’inspirant de la pièce de théâtre de William Luce, Barrymore relate un épisode de la vie du célèbre acteur américain John Barrymore, considéré comme l’un des plus grands acteurs shakespear­iens de tous les temps.

« Ce projet est arrivé totalement du champ gauche, indique Canuel. J’en suis très fier. Le résultat est totalement différent de tout ce que j’ai fait jusqu’à maintenant. » Le réalisateu­r de Bon Cop, Bad Cop, Cadavres et

Le Dernier Tunnel a vu dans ce projet la possibilit­é de rendre hommage à sa façon à son père, le comédien et metteur en scè---

ne Yvan Canuel.

« Le tournage de ce film m’a permis de renouer avec mes amours d’enfance, raconte le cinéaste québécois.

« J’ai grandi dans les coulisses des théâtres grâce à mes parents. Mon père a mis en scène des classiques de Shakespear­e, Molière et Sophocle. Barrymore m’a ramené vers cet univers, qui représente beaucoup pour moi. Cela m’a permis de boucler une boucle.

« Barrymore m’a aussi permis de travailler avec une icône en M. Plummer. D’avoir la chance de diriger un acteur de cette trempe, c’est extraordin­aire.

« Quand on s’est rencontrés pour la première fois, M. Plummer ne savait pas que j’étais un enfant du théâtre. Mais quand il a su que mon père avait monté des classiques et que j’avais grandi dans ce monde, il y a eu une connexion entre nous deux. On a eu une confiance mutuelle qui s’est développée rapidement. »

ENFIN, UN OSCAR…

Érik Canuel a tourné le film en haute définition l’an passé au théâtre historique Elgin de Toronto.

« On a tourné des journées entières, comme un film, explique Canuel. Il y a un seul moment qui a été filmé pendant une représenta­tion devant public. Le reste a entièremen­t été tourné comme un film, retravaill­é et recalibré. On a travaillé ainsi parce qu’on voulait être plus intimiste dans le propos et dans les émotions qu’on voulait faire passer. Le cinéma est plus grand que nature, et le théâtre est plus projeté, alors il a fallu trouver le bon ton entre les deux. »

Lors de la première projection du film au Festival de Toronto en septembre dernier, M. Plummer a louangé le travail de Canuel au cinéaste Atom Egoyan qui animait une discussion en public.

« C’est très difficile de filmer une pièce de théâtre, a insisté Plummer. Je déteste les plans fixes, c’est bon pour les archives. Ça crée un filtre entre les acteurs et l’audience. Érik a miraculeus­ement réussi l’impossible. »

Suite à cette première torontoise, le magazine Hollywood Reporter avait écrit que

Barrymore pourrait permettre à Christophe­r Plummer de mettre la main sur l’oscar qu’il n’a jamais réussi à gagner.

Or, entretemps, l’acteur de 82 ans a finalement remporté la précieuse statuette, cette année, grâce à son rôle dans Beginners.

« J’ai vu M. Plummer le mois dernier à New York et j’ai senti qu’il n’avait plus cette pression de l’oscar sur ses épaules », indique Canuel.

« Maintenant que c’est fait, c’est comme s’il était libéré de ce poids. Qui sait, peutêtre qu’il en gagnera un autre avec

Barrymore ! Il le mériterait amplement. » Réalisé par Érik Canuel et mettant en vedette Christophe­r Plummer, Barry

more sera présenté dans quelques cinémas du Québec à compter du 23 mai.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada