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École nationale de l’humour
Doyen de la cohorte à 40 ans, Martin Boileau croit en sa bonne étoile. Père de deux enfants, ce comédien de formation espère rencontrer les bonnes personnes, celles qui sauront le mener au niveau supérieur.
« J’ai un bon feeling. Il n’y a pas de recette, mais je suis convaincu qu’en travaillant fort, je vais atteindre mes objectifs. »
Josiane Aubuchon, 26 ans, partage l’enthousiasme de son collègue. « Il y a tellement de plateformes : le Web, les médias sociaux, les chroniques, les blogues… On voit des humoristes partout : à la télé, à la radio… Ça joue en notre faveur. »
À 21 ans, Alexandre Bisaillon figure parmi les plus jeunes recrues de cette cuvée 2012. Ce fan de Louis-josé Houde ne se fait pas d’illusion, mais garde espoir.
« C’est clair qu’en sortant de l’école, on ne sera pas booké quatre à cinq fois par semaine dans un bar. Il va falloir bûcher parce qu’il n’y a rien d’acquis. On recommence à zéro. »
TRAVAIL, DISCIPLINE ET RIGUEUR
Directrice de L’ENH, Louise Richer fait écho aux commentaires de ses protégés qui souhaitent ardemment gagner leur vie en provoquant les rires du public.
« Ça demande beaucoup de travail, de discipline et de rigueur, souligne-t-elle. Sortir du lot, ce n’est pas toujours facile. »
Français d’origine, Benjamin Picard a traversé l’atlantique, pour joindre les rangs de l’école. Des rêves, le jeune homme de 26 ans en a plein la tête, à commencer par celui d’écrire un scénario de film. « Mais je ne saurais pas à qui aller le proposer ! », lance-t-il en riant.
« Mon objectif premier, ça reste d’infiltrer le circuit des bars pour gagner de la visibilité. J’aimerais roder trois numéros que je pourrais ensuite présenter aux auditions Juste pour rire. »
« Il ne faut pas attendre qu’on nous propose des affaires. Il faut être proac-
tif », ajoute-t-il.
COMPÉTITION SOLIDAIRE
Solidaires ou compétitifs, les humoristes de la relève ? Un peu des deux si on se fie aux différentes histoires que raconte ce groupe de joyeux lurons.
« Le circuit des bars en France, ça n’a pas bien fonctionné pour moi, admet Benjamin. Je ne connaissais pas les codes du milieu. J’entrais dans un endroit, personne ne me parlait. Personne ne savait qui j’étais. Je restais dans mon coin à checker mes trois mêmes blagues… »
Fort heureusement pour lui, le vent a tourné peu après son arrivée au Québec. « J’ai fait quelques shows avec des humoristes plus expérimentés. Ils ont été super cool avec moi. »
« Ici, je n’ai jamais eu l’impression de déranger qui que ce soit. »
Pour Martin Boileau, il y a de la place pour tout le monde. « On ne se le cachera pas : l’humour, c’est un milieu d’égos. On veut tous se faire remarquer. Mais on n’a pas le même casting. Chacun a quelque chose d’unique à offrir. »
SUR SCÈNE
En attendant de voler de leurs propres ailes, les 15 finissants de L’ENH présenteront mercredi prochain à Montréal les fruits d’un labeur de deux ans : un spectacle qu’ils promènent un peu partout au Québec depuis la fin mars.
« C’est un show réglé au quart de tour, note Louise Richer. C’est bien rodé. Les salles sont pleines. L’accueil est vraiment exceptionnel. »
De Saint-jérôme à Port Cartier, en passant par Rimouski, Havre Saint-pierre et Trois-rivières, les étudiants ont parcouru plusieurs kilomètres pour montrer aux amateurs l’étendue de leurs talents. Et ce n’est pas fini. Drummondville, Val-d'or et Québec figurent toujours à l’itinéraire.
Facile, la vie en tournée ? Pas vraiment, répondent-ils à l’unisson. « Tu pars tôt le matin. Tu fais en moyenne quatre à cinq heures de char. T’arrives là-bas. Tu sors le stock du camion. Tu montes le décor. T’as deux heures pour manger. Tu te prépares dans les loges. Le stress monte. Tu fais ton numéro. Pis à la fin du show, tu ramasses tout et tu rentres à l’hôtel », résume Benjamin d’un seul souffle.
Pour Josiane Aubuchon, l’expérience s’est avérée formatrice. « On s’est couché tard. On a trouvé ça difficile. Mais ça m’a donné le goût de continuer. Ça m’a donné le goût de roder du stock, révèle-t-elle. Aujourd’hui, je n’ai plus peur de faire des jokes qui ne lèveront pas. » Le spectacle des finissants de l’école nationale de l’humour. Le 23 mai à 20 h au Club Soda. Des représentations sont également prévues à Drummondville (25 mai), Verchères (2 juin), Lachenaie (9 juin). et Québec (17 juin).