Le Journal de Montreal - Weekend
LA CONQUÊTE SE POURSUIT
Amadou et Mariam forment un duo inséparable dans la vie comme sur scène. Ensemble, ils incarnent la passion et la détermination. Le couple chéri du Mali, propulsé au sommet grâce à leur disque Dimanche à Bamako, paru en 2004, sera de la septième édition du festival Osheaga, le 3 août prochain. Armés des chansons de leur plus récent album Folila, les amoureux comptent transformer le parc Jean-drapeau en véritable lieu de fête. Rencontre avec des musiciens tournés vers l’avenir.
Depuis qu’ils ont lancé leur huitième album, le 28 mars dernier, Amadou Bagayoko et Mariam Doumbia n’ont pas chômé. Actuellement en tournée européenne, le duo se déplace de la Norvège au Royaume-uni ; de l’estonie à la France afin d’aller à la rencontre de son public.
« La vie en tournée, ça se passe très bien pour nous. Ça nous plaît de voyager, explique Mariam. Nous avons commencé à voyager il y a très longtemps. Parfois, nous sommes six mois sans rentrer à la maison. »
« Ce qui nous plaît, en tournée, c’est que nous pouvons monter sur scène et jouer pour les gens, ajoute son complice. Nous aimons savoir que les gens sont contents et que les fêtes sont belles. »
Même s’ils sentent qu’ils doivent travailler davantage pour aller toucher leur public, lors des festivals, le couple se dit heureux de pouvoir se produire sur des scènes extérieures.
« Ça nous permet de toucher plus de gens d’un seul coup », explique Amadou.
Avec leurs sept musiciens — claviers, choristes, percussions, guitares, batterie —, Amadou et Mariam comptent offrir un concert empreint de bonne humeur, dans le cadre d’osheaga.
« Nous aimons beaucoup le public à Montréal et ailleurs au Québec, soutient Mariam qui, avec son complice, s’est produit en Europe, en Afrique, au Canada, aux États-unis, au Brésil, en Argentine et même au Japon. Les gens chantent avec nous. L’accueil est tou-
jours très chaleureux. »
UNE FOULE D’INVITÉS
Folila, disque réalisé entre New York et Bamako, a de quoi plaire à ceux qui aiment brasser les genres, puisqu’il comprend des collaborations avec des artistes issus de la scène rock, hip-hop, pop, funk, blues et électro.
La liste d’invités, sur laquelle sont inscrits les noms de Theophilus London, Bertrand Cantat, Kyp et Tunde (TV On The Radio), Amp Fiddler, Abdallah Oumbadougou, Nick Zinner (Yeah Yeah Yeahs), Jake Shears (Sissor Sisters), Ebony Bones et Santigold, fait la fierté du couple : « Ce ne sont pas des choses qui se produisent facilement, affirme Amadou. C’est un exploit, pour nous, d’avoir réussi à réunir tous ces artistes. Ça nous fait énormément plaisir. »
Toutes les chansons, nous assure le duo, peuvent vivre sur scène sans la présence des artistes qui y ont contribué.
« Le disque est différent de nos concerts. Les morceaux, à la base, ont été conçus sans les invités. C’est ce qui fait que nous pouvons tourner sans eux », explique Amadou qui, toutefois, n’écarte pas complètement la possibilité d’accueillir d’autres musiciens, cet été, au parc Jean-drapeau.
D’ailleurs, le 29 juin prochain, aux Eurockéennes de Belfort, en France, le duo sera joint sur scène par Bertrand Cantat, ex-chanteur de Noir Désir dont les apparitions artistiques demeurent controversées, deux ans après avoir purgé la totalité de sa peine pour le meurtre de Marie Trintignant. Dans les médias européens, les journalistes se sont rapidement entichés de la nouvelle, ce qui n’ébranle pas du tout ses collaborateurs.
« Son passé, c’est son passé. Il faut se projeter vers l’avenir », indique Amadou, le sourire aux lèvres.
UNIS POUR LE MALI
Alors que le Mali connaît des moments difficiles, Amadou et Mariam gardent espoir de voir les choses s’améliorer, dans un avenir proche.
« La situation au Mali nous tient à coeur, affirme Mariam. Nous sommes marqués par tout ce qui se passe là-bas. »
En plus de l’instabilité politique due au coup d’état du 22 mars dernier, lors duquel le président Amadou Toumani Touré a été chassé du pouvoir, plusieurs villes situées au nord du pays se retrouvent entre les mains des rebelles touaregs et des islamistes, qui souhaitent la création d’un territoire indépendant.
« Nous sommes impliqués au niveau humanitaire, ajoute la chanteuse. Il y a beaucoup de problèmes. Tout est devenu cher. Les gens ne mangent pas bien. Nous ne voulons pas que les Maliens souffrent. » Ambassadeur du Programme alimentaire mondial depuis plusieurs années, le couple a également lancé une campagne par le biais de la Fédération des artistes du Mali, organisation présidée par Amadou.
« Avec la Fédération, nous avons lancé une campagne visant à récolter des dons alimentaires — du blé, du mil — pour les gens du nord. Nous avons aussi lancé une campagne avec le Programme alimentaire mondial pour venir en aide aux réfugiés, précise Amadou. Ce qui nous reste à faire, maintenant, c’est d’en parler le plus possible, et c’est ce que nous faisons pendant la tournée. »