Le Journal de Montreal - Weekend
Inspiré d’un poème du Moyen Âge
C’est la célèbre chorégraphe belge Anne Teresa de Keersmaeker qui vient à Montréal nous présenter le spectacle de danse et musique En attendant, à l’affiche à l’usine C dans le cadre du Festival Transamériques. Douze interprètes, danseurs et musiciens, se
En attendant, ce sont les pénibles tourments souvent douloureux qu’il faut endurer en attendant un monde meilleur ou une bride de bonheur. C’est cet état d’esprit que 12 interprètes tenteront de nous transmettre par la musique et la danse.
La musique inspirée à l’époque sombre du monde médiéval nous parle de la vie et la mort qui se côtoient dans ce spectacle. Ce sont huit danseurs, dont cinq hommes et trois femmes, qui sont rassemblés par diverses souffrances.
« Il s’agit d’une danse abstraite qui parle au coeur, à l’âme ainsi qu’à l’esprit », révèle Anne Teresa de Keersmaeker, la célèbre chorégraphe reconnue internationalement pour sa danse contemporaine. Si la vie et la mort sont intimement liées à travers ces chorégraphies, les sens seront constamment en éveil pour chercher à comprendre. « Dans En attendant, l’écriture chorégraphique est très ancrée dans l’écriture musicale, elle s’en inspire tout en la respectant. »
LA MUSE
Le poème du Moyen Âge qui est la source d’inspiration de ce spectacle laisse croire qu’il faut vivre de terribles épreuves comme si elles faisaient partie intégrante de notre destinée pour éventuellement vivre un grand bonheur. Cette fable nous parle également d’une fontaine entourée de ruisseaux pouvant apaiser la soif de tous. Malheureusement, celle-ci est trouble et souillée. Ainsi, en attendant, on prie Dieu pour qu’elle soit purifiée.
Dans son processus de création, la chorégraphe travaille à partir d’une recherche fondée sur l’improvisation avec des questions très précises au niveau des danseurs sur la façon de générer des mouvements. « Nous analysons la musique ainsi que des documents sur le contexte historique de sa création. Toutes ces informations sont amenées dans une écriture finale qui se traduit alors par des mouvements articulés par rapport à la musique ainsi qu’à un développement spatial précis », explique Anne Teresa de Keersmaeker.
MULTIDISCIPLINAIRES
« Cette manière de créer la gestuelle s’inscrit dans une démarche de questionnement sur la nature du mouvement. Je ressens la nécessité de me poser des questions essentielles sur la façon dont le mouvement est généré ainsi que, sur la relation entre le visuel et l’auditif. »
Au fil des ans, Anne Teresa De Keersmaeker s’est imposée sur la scène internationale depuis le des années 1980. Reconnue pour sa compréhension musicale, elle s’est ouverte à toutes sortes d’influences musicales. Elle évolue dans des créations multidisciplinaires tant au niveau de pièces abstraites que de danses pures. Elle peut intégrer la complexité rythmique, des compositeurs d’époques diverses, de la musique d’opéra et même l’univers cinématographique à travers ses créations. Le rapport entre la danse et le texte est constamment présent dans ses oeuvres alors que la relation entre la musique et la danse se trouve au coeur de son travail artistique.
Anne Teresa De Keersmaeker, fondatrice de la compagnie Rosas, constituée d’une troupe de danseurs, a créé une série impressionnante de chorégraphies. L'art chorégraphique selon Rosas est une écriture gestuelle dans le temps et l'espace, privilégiant les rapports entre le mouvement et la musique. En 2011, Anne Teresa De Keersmaeker a été récipiendaire de l’american Dance Festival Award récompensant l’ensemble de sa carrière.