Le Journal de Montreal - Weekend
UN FILM D’ADOS PAS COMME LES AUTRES
Larry Sole (Joel Nathan Evans) vit avec sa mère dans une ville imaginaire des Territoires du NordOuest. Adolescent amérindien, il est hanté par un incident particulièrement violent de son passé, dont les spectateurs connaissent l’existence à travers les cicatrices marquant son dos et son torse.
Larry, timide et renfermé, est amoureux de Juliet (Chloe Rose), jeune fille de son école qui navigue d’une relation à l’autre. Quand un nouvel élève, Johnny (Kiowa Gordon qu’on a vu dans la saga Twilight), fait son apparition, il va forcer Larry à sortir de sa coquille.
Car, au fur et à mesure du déroulement de ce film adapté du roman de Richard Van Camp, le passé de Larry remonte en lui. Les souvenirs se font plus précis — bien qu’on le devine aisément, on ne sait jamais exactement ce qui s’est passé —, son mal-être grandit. Il dérive vers l’alcool et le hashish, tente d’oublier qu’il se fait battre et insulter par les gros bras de l’école, mais...
Filmé par la réalisatrice Anita Doron, ce ciel du NordEst de plomb, comme celui qui empêche Larry d’exprimer ses sentiments. La nature environnante, blanche de neige de mi-saison, est glaciale, comme le monde dans lequel évolue ce jeune.
Sa mère (Tamara Podemski), qu’on devine affectueuse, mais meurtrie, son beau-père (Benjamin Bratt), discret et présent à la fois, ne suffisent pas à alléger son fardeau, même si Larry parviendra jusqu’à un certain point à s’en sortir.
Ce sentiment d’oppression est habilement contrebalancé par la poésie et la musicalité des dialogues, Larry ayant une manière de s’exprimer douce et imagée.
The Lesser Blessed ne ressemble pas à ces films d’ados «made in Hollywood», même si les thématiques sont extrêmement familières. Larry ne s’oppose pas aux autres pour savoir qui il est, pas plus qu’il ne se révolte. Son cheminement est intérieur, même s’il est grandement influencé par Johnny, Jed et Juliet.