Le Journal de Montreal - Weekend
UNSUJET QUI DÉRANGE
PARIS | Après deux comédies qui ont bien marché ( Ma femme est une actrice et Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants), le réalisateur et acteur Yvan Attal n’a pas hésité à se mettre en danger en adaptant pour la France le film indépendant américain
Imaginez deux amis hétérosexuels qui décident, par un soir de brosse, de se mettre au défi de tourner un film porno gai ensemble pour le présenter à un festival. Le premier (Yvan Attal) est un jeune marié, rangé, qui songe à fonder une famille avec sa jolie femme (Laeticia Casta). Le second est un éternel adolescent baba cool (François Cluzet) qui refuse de vieillir et qui a plutôt opté pour une vie de bohème.
Mais curieusement, cette idée folle et plutôt absurde fera son chemin et amènera les deux hommes à se questionner sur leurs choix de vie.
C’est sur cette trame pour le moins audacieuse que s’appuyait la comédie indépendante Humpday, de l’Américaine Lynn Shelton, qui avait fait sensation au Festival de Sundance en 2009. Flairant un succès potentiel en France, des producteurs ont voulu en tirer une version française. Ainsi donc est né Do Not Disturb.
Yvan Attal avoue avoir été le premier surpris de se faire offrir la réalisation d’un remake.
«C’est une drôle de proposition, en effet», disait-il en entrevue en janvier dernier à Paris.
«C’est d’ailleurs la raison pour laquelle je l’ai accepté. J’ai vendu moi-même les droits de remake de mes films. Je ne considère pas qu’un film soit sacré. J’ai trouvé d’abord que c’était une belle partition pour des acteurs. C’est d’ailleurs surtout l’acteur en moi qui a convaincu le metteur en scène en moi de le faire. Je trouve que chez nous, les rôles dans des comédies qu’on offerts ne m’ont jamais tenté. Quand cette offre est arrivée, j’ai tout de suite eu envie d’y jouer. Et je voulais aussi jouer avec François (Cluzet), que j’adore. Je n’avais jamais eu l’occasion de le faire avant.»
Sans avoir vu le film original, François Cluzet dit avoir été séduit par le ton du film, qui navigue entre le drame et la comédie.
«Yvan m’a dit qu’il cherchait un acteur qui soit drôle, mais qui n’est pas seulement étiqueté comédie», explique l’acteur d’Intouchables.
«Il voulait faire une comédie, mais une comédie à la Yvan Attal, c’est-àdire un film qui devient peu à peu une comédie. J’avais moi aussi très envie de travailler avec lui.»
ÉCHEC COMMERCIAL
Yvan Attal ne prend pas de détour pour expliquer l’échec commercial du film en France. Sorti l’été passé, Do Not Disturb a réalisé à peine 100 000 - entrées au box-office français. «Il y a dans l’ADN du film quelque chose qui dérange», estime Yvan Attal.
«Les homos n’ont pas envie de voir le film, les hétéros non plus. En réalité, personne n’a envie de voir cela!
«Le film n’a pas marché en France et la version originale n’avait pas marché non plus aux États-Unis. En fait, cette histoire n’a marché nulle part. J’ai d’ailleurs toujours cru qu’il ne marcherait pas. Je l’ai dit au producteur. Je trouvais que le sujet était problématique.»
Selon lui, Do Not Disturb parle de sexualité, mais surtout de désir, d’amitié et de couple.
«C’est aussi l’histoire d’un couple qui arrive à un moment où il a besoin de voir si leur union est solide», souligne-t-il. Do Not Disturb prend l’affiche vendredi (le 14 juin).