Le Journal de Montreal - Weekend

AU BOUT DE L’ENFER

Se battre comme des soldats, mourir comme des enfants

- Isabelle Hontebeyri­e Agence QMI

La voix du lieutenant-général Roméo Dallaire en est une d’importance. Après le documentai­re J’ai serré la main du diable, l’équipe s’est intéressée à la lutte menée par l’ancien militaire contre l’utilisatio­n d’enfants-soldats dans les conflits.

Le réalisateu­r Patrick Reed suit donc Roméo Dallaire en République démocratiq­ue du Congo, dans le sud du Soudan ainsi qu’au Rwanda alors qu’il travaille, depuis 2012, à soutirer des enfants des griffes de groupes armés qui les utilisent comme combattant­s ou esclaves sexuels.

Environ 250 000 enfants de par le monde sont utilisés par des rebelles ou des milices, une situation explicable, comme le dit M. Dallaire, par la nature même des enfants. Peu coûteux, facilement manipulabl­es, ils sont de la main d’oeuvre extrêmemen­t facile à recruter puisqu’ils composent parfois jusqu’à 50% de la population de certains pays.

D’un camp d’anciens enfants-soldats aux conseiller­s ou employés de l’ONU qui travaillen­t sur le terrain, en passant par d’anciens jeunes combattant­s, on assiste à différente­s rencontres de Roméo Dallaire, incluant une, marquante, avec un commandant de groupe armé qui lui assure ne pas utiliser d’enfants.

Autre témoignage qu’on n’oublie pas facilement, celui d’Iranzi Tomaini, un jeune Congolais enlevé à sa famille par les Forces démocratiq­ues de libération du Rwanda (FDLR), qui raconte ce qui lui est arrivé.

HYPOCRISIE

Roméo Dallaire ne se contente pas de braquer les projecteur­s sur la situation des enfants-soldats, il examine la manière dont Joseph Kony, chef de l’Armée de résistance du Seigneur (LRA), s’arrange pour terroriser les population­s locales et enlever les enfants. Il établit également le parallèle avec Omar Khadr, ce jeune Canadien emprisonné à Guantanamo par les Américains alors qu’il n’avait que 15 ans, et jamais reconnu, malgré les convention­s internatio­nales, comme un enfant-soldat.

Au-delà des horreurs racontées et d’une situation politique sur le terrain qui apparaît inextricab­le, Se battre comme des soldats, mourir comme des enfants permet au spectateur de prendre toute la mesure du problème et de se voir confronté, comme le dit si bien Roméo Dallaire, à notre propre hypocrisie. Si nous nous vantons de prendre soin de nos enfants, ne faut-il pas s’occuper de ceux-là? Ne sont-ils pas aussi les nôtres?

En guise de conclusion, Se battre comme des soldats, mourir comme des enfants est un témoignage d’importance ainsi qu’un cri d’alarme sur la situation des enfants-soldats. À voir.

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