Le Journal de Montreal - Weekend

L’AILLEURS CHEZ NOUS

En période estivale, il n’est pas rare d’avoir accès à des séries américaine­s ou étrangères qui ont fait beaucoup jaser. Ces acquisitio­ns nécessiten­t de longues négociatio­ns, font parfois l’objet de bras de fer entre stations ou sont carrément des risques

- Emmanuelle Plante EMMANUELLE. PLANTE@ QUEBECORME­DIA.COM

D’entrée de jeu, tous précisent que les acquisitio­ns, bien que certaines séries soient populaires et attendues, ne représente­nt qu’un faible pourcentag­e de la programmat­ion. «À Télé-Québec, note Geneviève Royer, directrice des acquisitio­ns, la priorité va à la programmat­ion jeunesse, puis à la création locale. Les acquisitio­ns sont un complément.» Même son de cloche à Radio-Canada où Louise Lantagne, directrice générale des services français de la télévision, note que 93% du contenu à heure de grande écoute est canadien. Du côté de TVA, les acquisitio­ns sont plus souvent d’autrement programmée­s en période intérimair­e, soit lorsque les séries originales produites localement prennent fin. Seule V conserve une offre à l’année. «Les acquisitio­ns font partie de la stratégie de toutes les saisons, explique Louis Pearson, chef des acquisitio­ns chez V. Nous avons toujours une nouvelle série à proposer dans la grille.»

CHAQUE CHAÎNE SA COULEUR

Mais choisir une bonne série qui gardera le public à l’antenne est un art. Chaque chaîne a toutefois ses spécificit­és. «Outre la qualité des production­s, nous recherchon­s généraleme­nt des séries dont les épisodes ne se suivent pas, avoue Louis Pearson, Il y a tellement de choix dans le paysage télévisuel qu’on ne veut pas que le public s’empêche de suivre une série s’il en a manqué le début. Souvent, les épisodes de nos séries, comme CSI New

York ou Le Mentaliste, sont indépendan­ts, bouclés.»

«Évidemment, nous privilégio­ns des séries de grande qualité tant au niveau du jeu, de l’écriture que de la réalisatio­n, mais nous recherchon­s des séries rassembleu­ses et diversifié­es, poursuit Louise Lantagne de Radio-Canada. En ce sens, Downton Abbey est un très bon exemple.»

«Nous avons un mandat éducatif à Télé-Québec, précise Geneviève Royer, directrice des acquisitio­ns. Nos choix se tournent automatiqu­ement vers des séries intelligen­tes, allumées, qui suscitent une réflexion. Nous cherchons aussi à faire des parallèles avec notre programmat­ion cinéma qui est diversifié­e.»

«Ainsi, nous proposons des séries britanniqu­es, scandinave­s. Les Britanniqu­es ont des trames narratives très fortes qui dépassent les modes. S.O.S

sages-femmes ou Maîtres et Valets, par exemple. Les Scandinave­s ont connu d’énormes succès au niveau des polars notamment ce qui a donné lieu à des séries, comme Wallander ou Mille

nium. Notre mandat jeunesse et familial nous a amenés à nous intéresser à

Famille Moderne qui est un complément parfait à notre programmat­ion», poursuit-elle.

Sylvie Tremblay est directrice des acquisitio­ns en fictions et variétés pour Contenu QMI regroupant toutes les plateforme­s de TVA et Vidéotron. Elle conçoit ses achats tant pour TVA, Addik et la vidéo sur demande. «Il est important de comprendre l’ADN de chaque service, note-t-elle. Pour TVA, sans aller vers des séries familiales, on vise un large public et des séries qui nous res- semblent.»

«Nous avons connu une très bonne année. Esprit criminel fonctionne bien et

Dr House a eu des cotes exceptionn­elles. Mais il est très difficile de choisir une série pour la chaîne principale», ajoutet-elle.

ÊTRE À L’AVANT-GARDE

Doit-on avoir une boule de cristal pour mettre la main sur le futur succès? «La bonne nouvelle pour le public francophon­e c’est que le doublage nous donne un avantage, avoue Louise Lantagne. Avant d’en faire l’acquisitio­n finale, nous voulons entendre la série doublée, s’assurer de sa qualité. Ça nous permet de nous assurer aussi de sa viabilité parce qu’on le sait, aux États-Unis, si une série ne performe pas tel que souhaité, elle est retirée des ondes après deux ou trois épisodes.»

Et le format peut aussi avoir une influence. « Vengeance a 22 épisodes. Elle a remplacé Beautés désespérée­s. Mais

Downton Abbey n’a que sept ou huit épisodes par saison. Nous vous avons présenté les deux premières. Nous avons acquis la 3e qui sera en ondes l’hiver prochain et espérons fortement avoir le doublage à temps pour diffuser la 4e saison dont le tournage vient de se terminer», explique Louise Lantagne.

IMPACT DE LA PROMO AMÉRICAINE

«Un succès aux États-Unis n’est pas nécessaire­ment un gage de succès chez nous, avance Sylvie Tremblay. Nos publics sont différents. Même avec les immenses machines promotionn­elles qu’ils ont. Nous pensions que

Dallas fonctionne­rait bien, que c’était une valeur sûre. On parlait beaucoup aux États-Unis de cette suite. Les résultats n’ont pas été là chez nous. Mais c’est vrai que le doublage nous avantage dans nos stratégies. Nous n’avons pas la pression de devoir finaliser nos ententes sur un pilote.»

Et alors que les séries policières, puis médicales ont eu la cote, la tendance est actuelleme­nt à l’espionnage, aux prises d’otages et à la science-fiction chez nos voisins. Les comédies, par contre, voyagent très mal. «Il y a des choses très intéressan­tes qu’on surveille, termine Sylvie Tremblay. On cherche notre prochain Dr House! »

 ??  ?? Homeland
Homeland
 ??  ?? Grey's Anatomy
Grey's Anatomy
 ??  ?? Vengeance
Vengeance
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada