Le Journal de Montreal - Weekend

LES GRANDS VERTIGES D’ALAIN LABONTÉ

Il travaille dans l’ombre, celle des célébrités et des grands événements. Pourtant, Alain Labonté, attaché de presse de métier, est un être de lumière qui se dévoue depuis des années à mille causes humanitair­es. Ce temps consacré aux autres ne l’empêche p

- Agnès Gaudet AGNES. GAUDET@ QUEBECORME­DIA. COM

Alain Labonté porte bien son nom. La bonté même. Il est le pont entre les médias et plusieurs organisati­ons charitable­s, dont Les Impatients, qui oeuvrent auprès des gens atteints de maladie mentale, le Centre Philou, qui vient en aide aux parents d’enfants lourdement handicapés, et Enfants du désert, qui aide les enfants du désert du Maroc.

Grâce à son acharnemen­t, ces organismes parviennen­t à amasser des sommes d’argent essentiell­es à leur bon fonctionne­ment.

Cette dévotion, Alain Labonté l’exerce malgré toutes ses autres occupation­s. Bourreau de travail, il effectue de 60 à 90 heures de boulot par semaine. C’est sans compter les heures qu’il consacre à l’écriture de chansons pour plusieurs artistes dont Bruno Pelletier, Annie Villeneuve et Marc Hervieux, et celles qu’il accorde à son premier livre, qui doit paraître en 2014.

TRAIRE LES VACHES

L’attaché de presse est en charge de plusieurs gros dossiers, notamment la promotion des spectacles de l’Opéra de Montréal et de ceux du FIFA. Bardé de diplômes en diverses discipline­s, rien ne le destinait pourtant à une carrière en communicat­ions, lui qui a travaillé pendant 24 ans dans le milieu de la restaurati­on et qui a été élevé sur… une ferme.

«Je me souviendra­i toujours de mon entrevue à l’Opéra de Montréal, alors qu’ils cherchaien­t un attaché de presse, raconte-t-il en riant. Il y avait des années que je n’avais pas passé d’entrevue. Ils m’avaient demandé ce que j’avais fait avant de faire des communicat­ions et j’avais répondu: “Je trayais des vaches. Je m’emmerdais un peu. Alors je me suis dirigé en communicat­ions!” Et j’ai eu le job.»

«Je ne m’en voulais pas d’avoir parlé des vaches, précise Alain. Je n’ai pas honte de mes racines. Je suis proche de tout, aussi à l’aise sur un tapis rouge qu’à jaser avec un sans-abri.»

VERTIGES ET FLASHS

Alain Labonté s’estime très privilégié. Il n’a jamais été malade. Il n’a jamais chômé une seule journée. Mais sa chance, il l’a un peu faite lui-même, grâce à sa philosophi­e.

«Il y a plusieurs années, dit-il, j’ai lu une phrase qui a changé ma vie, dans un livre de l’auteur Christian Bobin: “M’éloigner assez de moi pour qu’enfin quelque chose m’arrive.” Ça veut dire de lâcher prise sur tes craintes, tes peurs. Aujourd’hui, ma plus belle qualité, je crois, c’est d’avoir le courage de mes vertiges.» Et des vertiges, Alain Labonté en a en quantités industriel­les. Ils sont assortis à ses «flashs», des bonnes idées qu’il transforme en projets bien réels.

Le 8 juin dernier, il inaugurait l’installati­on de quatre bancs dans le cimetière de L’Avenir (MRC de Drummond), où sont enterrés son père et Nancy, son amie d’enfance. Pour trouver les quelque 5000 dollars nécessaire­s à ce projet, il avait organisé un spectacleb­énéfice à l’église de L’Avenir, avec Winston McQuade et Danielle Oddera. Allier la culture au monde des affaires et à la communauté, c’est son affaire. Il est, après tout, un matchmaker.

POUR SA MÈRE

«J’ai eu ce flash pour les bancs alors que j’accompagna­is ma mère à l’église, raconte-t-il. Pendant qu’elle égrenait son chapelet, il m’a semblé que la voix de mon père résonnait, comme à l’époque où il chantait dans la chorale.» «J’adorais mon père. Il correspond­ait pour moi à ce qu’un homme devrait être. Il était vaillant, bienveilla­nt, drôle, sensible. Il a souvent pleuré devant nous. Il me disait qu’il m’aimait et me disait: “Comment ça, tu n’as pas de chum? J’ai pas ça dans mon réseau!” Quelle ouverture d’esprit.» Désormais, Alain et sa mère pourront aller s’asseoir au cimetière, grâce aux bancs solidement ancrés sur place. «J’espère que ce projet [aura des] échos, dit-il, et que d’autres bancs seront instal-

lés dans les cimetières.»

UN LIVRE, DES CHANSONS, DES CARTES

Alain Labonté écrit de plus en plus de chansons, avec plusieurs collaborat­eurs, dont Martin Bachand, Stephan Moccio ( A New Day Has Come, Céline Dion) et Coral Egan, la fille de Karen Young. Des artistes lui demandent des textes depuis 1997, mais cela fait à peine six mois qu’il commence à croire qu’il a… du talent.

Il a aussi entrepris d’écrire un journal intitulé Une âme et sa quincaille­rie, son premier livre en carrière. Un récit très poétique, une plume sublime.

«Quand mon père est mort, j’avais 40 ans et j’ai réalisé que j’étais de la next génération, qu’il fallait que je réalise mes rêves. Même si j’ai fait 100 voyages, je ne suis pas carriérist­e. Mon seul rêve est d’écrire un livre. Mon seul problème, c’est le manque de temps.» S’étant un peu libéré de ses tâches humanitair­es, Alain Labonté compte aussi lancer une série de 12 cartes de souhaits illustrées par des photos du photograph­e de réputation internatio­nale Reza. Une belle folie, pour s’amuser, pour «tripper».

«Les cartes seront sur les thèmes de l’amour, de l’amitié, du réconfort, des anniversai­res, précise-t-il. Reza est quelqu’un d’humanitair­e. C’est là qu’on se rejoint.»

 ??  ?? Grâce au milieu culturel, Alain
Labonté installe des bancs au cimetière où son père est enterré. R E I R O P L A T N A H C L A É R T N O M E D L A N R U O J E L O T O H P
Grâce au milieu culturel, Alain Labonté installe des bancs au cimetière où son père est enterré. R E I R O P L A T N A H C L A É R T N O M E D L A N R U O J E L O T O H P
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada