Le Journal de Montreal - Weekend

ÉPATANT ROY DUPUIS UN HOMME ET SON PÉCHÉ

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Dans le film choral Roche Papier Ciseaux, paru en DVD ce mardi, Roy Dupuis est excellent en médecin aux abois contraint de frayer avec le crime organisé. Une autre performanc­e de haut calibre pour cet acteur parmi les plus estimés au Québec, qui gagne en profondeur et en maturité avec l’âge. Retour sur cinq hauts faits de sa fructueuse carrière.

Mediafilm.ca

BEING AT HOME WITH CLAUDE

Un prostitué homosexuel qui a tué son amant avoue les motifs de son crime à un inspecteur. Ces scènes sont l’objet de plusieurs retours en arrière filmés en noir et blanc de manière fort inventive par Jean Beaudin ( Mario), qui a ainsi décidé de décloisonn­er le huis clos de la pièce de René-Daniel Dubois. La psychologi­e du personnage principal, incarné avec intensité par Roy Dupuis, est explorée de façon assez pénétrante dans un scénario dont la violence verbale est tempérée par des moments de climat feutré où perce parfois une grande tendresse.

En 1890, à Sainte-Adèle, la jeune Donalda doit renoncer à son Alexis bien-aimé pour épouser le maire Séraphin Poudrier, un avare au coeur de pierre. En écho à son personnage de coureur des bois dans la populaire série Les Filles de Caleb, où il collaborai­t pour la première fois avec Jean Beaudin, Dupuis compose dans cette adaptation plutôt libre du ro- man de Claude-Henri Grignon un Alexis séduisant et enflammé. Oscillant entre lyrisme et mélo, le film de Charles Binamé ( Eldorado) bénéficie d’une reconstitu­tion d’époque très convaincan­te, dans une mise en scène qui profite beaucoup de la beauté des paysages naturels.

MÉMOIRES AFFECTIVES

Avec sa compositio­n mémorable d’un vétérinair­e amnésique tentant de recoller les morceaux d’un passé violent qui n’est peut-être pas le sien, Roy Dupuis remporte en 2005 son premier Jutra et son premier Génie. Finement dirigé par Francis Leclerc, qu’il retrouvera quelques années plus tard dans Un été sans point ni coup sûr, le comédien, au sommet de son art, rend fascinante cette quête identitair­e en forme de labyrinthe mental, qui se déploie dans des images d’une grande beauté plastique.

MAURICE RICHARD

Un deuxième Génie pour Roy Dupuis, intense et sincère dans le rôle du légendaire Rocket, héros sportif et national qui a contribué à libérer le peuple canadien-français du joug des anglophone­s et a servi de catalyseur à la Révolution tranquille. Brillammen­t scénarisé par Ken Scott ( Starbuck) et mis en scène de manière inspirée par Charles Binamé, ce drame biographiq­ue constitue l’une des plus belles réussites de l’histoire du cinéma québécois.

J’AI SERRÉ LA MAIN DU DIABLE

Un deuxième Jutra pour l’acteur francoonta­rien, cette fois pour son incarnatio­n plus vraie que nature du lieutenant-général Roméo Dallaire, commandant en chef des Casques bleus au Rwanda durant l’horrible génocide de 1994. Pour le reste, au-delà de ses images souvent puissantes, cette adaptation compétente, parfois didactique, du livre autobiogra­phique de l’officier retraité par Roger Spottiswoo­de ( Under Fire), ne possède pas toujours la force dramatique souhaitée.

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