Le Journal de Montreal - Weekend

LA SUISSE QUI DÉCOIFFE

D’une beauté sculptural­e vue du sol ou de ses lacs, la Suisse l’est encore davantage vue de ses sommets.

- Lise Giguère Agence QMI

C’est sans doute pour cette raison, mais aussi parce que sa topographi­e oblige à se montrer créatif, qu’elle offre autant d’activités excitantes pour les amateurs de sensations fortes.

Avec quelque 65 300km de cours d’eau (près de 7000 lacs, plus de 120 glaciers, des lacs de montagne, des cascades spectacula­ires, des grottes, des gorges, des cavités glaciaires, des lacs souterrain­s et quatre grands fleuves qui la traversent), près de 60 000km de sentiers de randonnée balisés et 9000km de pistes cyclables, ce petit État situé au coeur des Alpes et de l’Europe a de quoi satisfaire tous les désirs d’évasion.

JUCHÉS POUR DORMIR

Comme il est impossible de voir tout le pays en quelques jours, notre itinéraire se concentre surtout autour de la magnifique ville médiévale de Lucerne et de son lac des Quatre-Cantons près duquel sont installés de magnifique­s établissem­ents hôteliers comme le Seehotel Hermitage.

Malgré l’attrait des lieux, nous optons plutôt pour l’hôtel Pilatus-Kulm du mont Pilatus (2200 mètres) où serait enterré le corps de Ponce Pilate. Longtemps jugés dangereux, les sommets de ce mont ont déjà été interdits d’accès. Aujourd’hui, on les atteint grâce au Pilatus Mountain Railway, le train à crémaillèr­e le plus raide au monde (48%). Dans le petit habitacle, la montée se fait sans encombre, même si l’on frissonne parfois en croisant les doigts pour que le mécanisme tienne bon.

L’hôtel qui date de 1890 a conservé son cachet d’antan, mais l’intérieur a été entièremen­t rafraîchi et/ou réaménagé. Sur place, une galerie d’observatio­n creusée dans le roc, un observatoi­re à 360 degrés sur les massifs alpins (Eiger, Mönch, Jungfrau, Forêt noire, Santis) et sur six lacs, une fosse à écho, un parc d’escalade, une piste de luge, une tyrolienne, une piste d’hébertisme et de nombreux sentiers de randonnée. À la nuit tombée, quand les visiteurs reprennent la dernière gondole, c’est le bonheur suprême. Après un délicieux repas, servi au restaurant de l’hôtel, il ne reste plus qu’à s’étendre sur le lit pour se laisser bercer par ce silence troublé uniquement par le discret tintement des clochettes des vaches.

POINTS DE VUE VERTIGINEU­X

Les pentes abruptes de la Suisse ont obligé, très tôt, les fermiers à se montrer créatifs. C’est à eux que l’on doit les nombreuses gondoles et télésièges qui font le bonheur des touristes. À l’époque pourtant, ces derniers n’avaient que peu de chose à voir avec le sport. Utilitaire­s, ils permettaie­nt de circuler entre l’alpage et la maison, de transporte­r les moutons, les vaches, les meubles, les outils, etc. Construits en tôle ou en bois, ils avaient plusieurs formes. Aujourd’hui, avec l’accord de l’Office Fédéral des transports qui les inspecte régulièrem­ent, on peut en faire l’essai. Mais attention, il faut avoir le coeur solide.

Différents d’un endroit à un autre, ces télésièges n’ont pas de toit, ont des portes coulissant­es, sont suspendus par un seul fil ou exigent de débarquer sur une plateforme en hauteur. Qu’importe. On s’entasse avec plaisir dans ces espaces réduits et brinquebal­ants qui s’élèvent au-dessus de paysages vertigineu­x. Leur réseau est d’ailleurs si développé que l’on peut même s’offrir des «safaris de télésièges» («Bähnli-Safari»).

À l’inverse de ces témoins du passé, la gondole CabriO nous ramène dans le présent et sa technologi­e. Située à peu de distance de Lucerne, cette gondole unique au monde, peut recevoir 60 personnes dont la moitié au second étage entièremen­t ouvert. Une expérience inoubliabl­e que celle de sentir l’air se rafraîchir à mesure que la gondole s’élève en dévoilant ce panorama. Sur le mont Stanserhor­n, à 1900 mètres d’altitude, les rangers de ce parc guident les curieux qui veulent en apprendre davantage sur l’environnem­ent tandis que les autres s’installent sur la plateforme pour jouir du paysage en toute quiétude.

Puisqu’il faut à nouveau dormir, Melchsee-Frutt, reconstrui­t sur les cendres d’un vieil hôtel rasé par les flammes par un amoureux déçu, semble tout indiqué. Situé à 1920 mètres, l’établissem­ent, qui a ouvert ses portes en décembre 2011, est d’une élégance sobre avec ses éléments traditionn­els qui apportent une touche chaleureus­e à son décor contempora­in. Avec 140 voies d’escalade, une via ferra- ta, des randonnées en montagne, de nombreux lacs pour la pêche, un train touristiqu­e, des jeux pour enfants et un magnifique spa dont la piscine à débordemen­t offre une vue à époustoufl­ante sur la montagne, le Melchsee-Frutt invite à poser ses valises pour quelques jours.

UN PEU DE RÉPIT

Si la recherche d’adrénaline est constante au pays d’Heidi et de Guillaume Tell, les romantique­s y trouvent également leur bonheur. Ils sont comblés partout: devant les splendeurs médiévales des villes, sur les plages, dans les châteaux à douves, dans les cures thermales et devant le choix de douces activités nautiques, comme la planche à voile, le pédalo, la baignade, pêche à la ligne ou à la mouche, ou encore les croisières se déclinant aussi bien sur d’anciens bateaux à vapeur et des yachts que sur des traversier­s.

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