Le Journal de Montreal - Weekend

HAIRSPRAY FIN PRÊTE

Le comédien Louis Champagne et l’ex-académicie­nne Vanessa Duchel se donnent la réplique dans la comédie musicale Hairspray, qui sera présentée au Théâtre Saint-Denis du 20 juin au 14 juillet. L’un joue la mère, l’autre la fille. Tracy est une adolescent­e

- Élizabeth Ménard ELIZABETH.MENARD@QUEBECORME­DIA.COM

UN RÔLE DE RÊVE

Avec son allure imposante, du haut de ses 6’2’’, le comédien Louis Champagne interprète le rôle d’Edna, une mère de famille timide. Pour un homme de sa stature, il n’est pas évident de se sentir à l’aise avec des talons hauts et des faux seins.

«C’est le rasage en fait. Je dois camoufler avec du rouge toutes les ombres causées par la barbe. C’est le travail d’une femme qui n’aurait pas été avantagée par la nature!», blague-t-il.

Avant chaque spectacle, l’homme doit se soumettre à un long maquillage pour effectuer sa transforma­tion. Cette opération requiert environ 1 h 15. «Quand tu regardes Louis Champagne, il n’a aucun trait féminin. C’est un vrai gars. Mais avec son maquillage, c’est à s’y méprendre», raconte sa partenaire de jeu, Vanessa Duchel. Selon elle, le maquillage est une réelle reconstruc­tion faciale. «C’est fou, tout a été changé, le nez, les yeux. Ça fait une très belle femme. Je ne m’attendais pas à ça. Il est totalement différent», dit-elle. La chanteuse n’hésite pas à dire que Louis est une femme extraordin­aire. «Je suis contente que ce soit ma maman», plaisante-t-elle.

Depuis la sortie du film Hairspray, en 1988, le rôle de cette mère de famille a toujours été interprété par un homme, à l’écran comme sur scène. Louis Champagne n’a pas hésité une seconde lorsqu’on l’a approché. Selon lui, Edna est l’un des plus beaux défis de sa carrière. «C’est le genre d’offre que tu espères, mais que tu ne reçois jamais, raconte-t-il. Souvent, on me propose les autres rôles. Tu lis le scénario, tu vois le gigot et tu te dis: wow! Mais on te demande de jouer le beau- frère. Là, je l’ai reçue, l’offre, donc je vais passer un bel été», dit-il.

MI-HOMME, MI-FEMME

Lorsque le travesti Divine a hérité du rôle d’Edna dans le film de John Waters, en 1988, on a d’abord cru que c’était parce que les deux hommes étaient de bons amis. Peut-être était-ce le cas. Mais sa performanc­e a été si marquante qu’Edna a toujours été jouée par un homme par la suite.

«Ce qui est drôle dans ce personnage, c’est que c’est une femme, mais jouée par un travesti. Il est mi-homme, mi-femme. Il est habillé en femme, il est une maman, mais je garde à l’occasion ma voix d’homme», explique Louis Champagne.

Pour lui, le personnage est un tremplin vers l’humour des travestis. «Divine est un personnage mythique pour les gais et les travestis. C’est une dérision par rapport aux familles banlieusar­des de l’époque des années 50-60. Je pense que l’idée de John Waters et de Divine était de créer un personnage un peu trash.»

D’après le comédien, il se cache une grande profondeur derrière cette idée de travestism­e. «Je suis un homme qui joue le rôle d’une mère, habillé en femme et, pourtant, c’est nous la belle famille, la famille parfaite. Il y a de l’ironie derrière ça. Baltimore est un peu le Pleasantvi­lle.» D’après lui, Hairs

pray tente de briser cette image de perfection véhiculée par la télévision.

 ??  ??
 ??  ??
 ??  ?? PHOTO LE JOURNAL DE MONTRÉAL PIERRE-PAUL POULIN
PHOTO LE JOURNAL DE MONTRÉAL PIERRE-PAUL POULIN

Newspapers in French

Newspapers from Canada