Le Journal de Montreal - Weekend
Recherche héros DÉSESPÉRÉMENT
Comme plusieurs Québécois, Guy A. Lepage cherche un leader, un modèle, une figure charismatique rassembleuse dont il respecterait l’opinion. Quelqu’un qui susciterait autant d’engouement que l’avait fait Barack Obama aux États-unis en 2008. En d’autres mo
Quelques jours avant de souligner notre fête nationale avec une impressionnante brochette d’artistes au parc Maisonneuve, l’animateur paraît soucieux. Il croit nos politiciens «compétents, convaincus, travaillants, honnêtes et dévoués» (pour la plupart, évidemment), mais, quant aux passions qu’ils pourraient soulever, on repassera. Seule exception au tableau: l’ancien chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton. Une exception accompagnée d’un point d’interrogation puisqu’il est décédé quelques mois après être devenu chef de l’opposition officielle en 2011. «Malheureusement, on ne saura jamais ce qu’il aurait pu faire, déclare Lepage. Les Québécois semblaient avoir confiance en lui. C’était un gentil monsieur. Un gentleman. Je n’ai pas voté pour lui, mais nous avions une relation très amicale.» L’animateur insiste: les politiciens qu’il a reçus à Tout le monde en parle au cours des dernières années semblent tous (ou presque) être de «bonnes personnes». «Même si leurs idées et leurs convictions diffèrent des miennes!», précise-t-il en souriant. Le problème réside dans la structure du système politique canadien et québécois, juge-t-il. «La machine fait en sorte que leurs idées doivent être diluées. La gestion est complexe. Ça étouffe la volonté de passer le balai…» «Nos élus reçoivent un cadeau relativement empoisonné, poursuit-il. C’est comme si on disait à quelqu’un: “Tiens! Je te donne le Château Frontenac. Fais-en ce que tu veux!” Et le lendemain, cette personne-là nous rappelle en disant: “Tu ne m’avais pas dit qu’il fallait refaire toute la plomberie et les fondations… Et qu’il fallait repeindre. Sans compter le problème des rats...”»
UN JUSTE ÉQUILIBRE
Guy A. Lepage compte bien partager sa vision du Québec moderne lundi. Aux commandes du Grand spectacle pour une cinquième année consécutive, l’auteur tentera de respecter ses deux mots d’ordre durant toute la soirée: pertinence et festivités. Sur scène, il parlera non seulement des bons, mais aussi des mauvais côtés du Québec de 2013. Tout est une question d’équilibre, souligne-t-il. «D’un côté, t’as les “pelleteux” de nuages, et de l’autre, t’as les fossoyeurs. C’est le défi de toute personne avec de l’influence, politiciens, artistes, chefs d’entreprise, chroniqueurs: souligner ce qui accroche et proposer des pistes de solutions.» Guy A. Lepage et son équipe travaillent aux textes du grand rendez-vous depuis plusieurs semaines déjà. «Au début, je critiquais beaucoup le Québec. J’avais sorti juste les affaires négatives et, après m’être relu, j’avais dit: “Wow! J’ai un bon number pour Juste pour rire, mais pas vraiment pour la fête nationale”. Parce que le 24 juin, tu dois donner de l’espoir aux gens.»
UN DISCOURS FRAGMENTÉ
Sous les projecteurs, Guy A. Lepage sera accompagné d’un groupe hétérogène d’artistes. Différentes générations et différents genres musicaux réunis sous un même toit: Diane Dufresne, MarieMai, Richard Séguin, Pierre Lapointe, Koriass, Samian, Manu Militari, Anodajay, Les Colocs et Raôul Duguay. Ensemble, ils livreront le traditionnel discours patriotique, un honneur habituellement réservé à une seule personne. L’hôte explique qu’au cours des dernières années, plusieurs artistes ont exprimé le souhait de participer à cette importante portion du spectacle. «Après le show, ils disaient souvent: “Ah… Si on m’avait demandé, j’aurais peut-être dit telle affaire…” Cette année, on répond à leurs demandes en fragmentant le discours patriotique.» Ainsi, les invités musicaux livreront tour à tour leur propre message patriotique sur le thème: «Le Québec en nous, d’hier à demain». «C’est plus représentatif des artistes qui participent au show, précise Guy A. Lepa- ge. C’est un petit édito, un petit commentaire personnel qui peut aller dans tous les sens. Si quelqu’un voit le Québec comme une famille, c’est l’occasion d’en parler. Si quelqu’un d’autre voit le Québec comme un territoire occupé, c’est aussi valable. Personnellement, j’ai hâte d’entendre les mots de Marie-Mai et de Pierre Lapointe. J’ai hâte de voir ce qu’ils vont dire du Québec.»