Le Journal de Montreal - Weekend

YVES JACQUES

EN CHEF DE TRAIN

- Cédric Bélanger CEDRIC. BELANGER@ QUEBECORME­DIA. COM

Aucun Québécois n’a été plus proche de Claude Miller qu’Yves Jacques. Dans Voyez comme ils dansent, ultime longmétrag­e du défunt réalisateu­r à prendre l’affiche chez nous, l’acteur québécois figure pour la septième fois au générique d’un film de celui qu’il considère comme «son grand frère français».

Dans cette adaptation d’une nouvelle de Roy Parvin, qui nous arrive deux ans après sa sortie en France, Miller raconte le voyage ferroviair­e d’un océan à l’autre d’une Française. Lise (Marina Hands) part sur les traces de son ex-mari, Victor (James Thierrée), un artiste de scène de réputation internatio­nale qui l’avait quit- tée sept ans plus tôt pour les yeux doux d’Alex (Maya Sansa), un médecin canadien. Par hasard, le train est immobilisé à proximité du village où Victor a voulu refaire sa vie avec Alex avant de se suicider. L’occasion pour Lise de découvrir qui était la femme qui lui avait ravi son Victor. Yves Jacques joue un chef de train qui ne manque pas d’humour dans ce roadmovie entièremen­t tourné au Québec, en plein hiver, et dans lequel Anne-Marie Cadieux, Normand D’Amour, Benoît Brière et Aubert Pallascio ont obtenu de petits rôles. L’acteur ne se sentait pas dépaysé dans l’environnem­ent exigu d’un train, raconte-t-il dans une entrevue. «J’ai pris le train de Montréal à Québec pour aller voir ma vieille maman pendant des années. Je l’ai encore fait en fin de semaine dernière. C’est mon moyen de locomotion. Depuis que les employés m’ont vu tourner là-dedans, j’ai plein de gâteries. Ils sont très sympathiqu­es et ont hâte de voir le film. Il y en a même un qui m’avait donné le livret des chefs de train dans lequel on retrouve ce que doit dire un chef de train et à quel moment. Claude n’en revenait pas que j’aie eu ça. Tout ce que je dis dans le film en cas de panne ou d’accident vient de ce livret.» C’était un souhait de Claude Miller de tourner au Québec? «Claude a fait la postproduc­tion de plusieurs de ses films au Québec et son rêve était den tourner ici. Voyez comme ils dansent était une occasion rêvée. J’avais un autre projet avant qu’il ne meure. Il me disait de le laisser guérir et qu’on allait sûrement le faire au Québec. Pierre Gagnon, guitariste de mon groupe Slick and The Outlags, a écrit un roman qui s’appelle Mon vieux et c’est ça qu’on voulait faire en film. Ça aurait été ben le fun, mais la vie en a décidé autrement.» Miller t’a comparé à un mélange d’Alec Guiness, Peter Sellers et Geoffrey Rush. Est-ce que ça paraît dans ton compte en banque? «Malheureus­ement, non (rires). Il aimait mon côté anglo-saxon, le côté british que je peux donner. Les Français le remarquent beaucoup. Peut-être parce que j’ai beaucoup écouté les Beatles. Mais c’est vrai que ces acteurs ont toujours été des modèles. Claude prenait souvent des acteurs de théâtre pour jouer des seconds rôles, parce qu’il voulait que tous les rôles soient bien joués. C’était toujours agréable. Je n’ai jamais senti que je jouais un pe- tit rôle avec Claude Miller. Il s’occupait de moi autant que d’une grosse vedette. Je faisais partie de son univers.» Quel était le rapport de Miller avec l’Amérique? «Il avait fait un documentai­re sur Obama. Claude était fasciné par les ÉtatsUnis. Je pense qu’il aimait beaucoup la simplicité qu’on retrouve ici. Il pouvait travailler tranquille sans se faire achaler comme à Paris. Dans Voyez comme ils dansent, même ce qui se passe à Paris dans de supposés studios de télévision a été tourné ici. Il a adoré l’équipe technique québécoise.» Qui était-il pour toi? «Il a été ce que Denys Arcand fut pour moi quand j’ai commencé au Québec. Denys est le premier qui m’a donné des rôles consistant­s et je le considérai­s comme mon grand frère de cinéma, mon mentor. Quand je suis arrivé en France, Claude Miller a eu ce rôle avec moi. On peut dire qu’il m’a ouvert les portes. Ce fut une grande amitié artistique et personnell­e.» Voyez comme ils dansent prend l’affiche au Québec le 28 juin.

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Une scène du filmVoyez comme ils dansent.En mortaise, Yves Jacques.

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