Le Journal de Montreal - Weekend

TOURNER LA PAGE

- Vanessa Guimond Le Journal de Montréal

Alpha Blondy, qui célèbre ses 30 ans de carrière cette année, n’a pas l’intention de s’arrêter. Le 4 juillet, le reggaeman sera de passage au Festival Internatio­nal de Jazz de Montréal afin de présenter les chansons de son plus récent disque, intitulé Mystic Power. Au menu: un hommage à Bob Marley et un reggae ouvert sur le monde.

Alpha Blondy est mondialeme­nt reconnu pour son engagement social et politique. L’artiste de 60ans, l’un des chanteurs reggae les plus célèbres d’Afrique, n’a pas hésité à afficher ses couleurs lors de la crise qui a frappé sa Côte d’Ivoire natale, au cours des dernières années.

Maintenant que le calme est revenu dans son pays, le musicien souhaite redonner espoir à ses fans grâce aux pièces de son plus récent album, disponible chez nous depuis seulement quelques jours. D’ailleurs, le disque s’ouvre sur

Hope («espoir»), une chanson aux multiples influences qui met en vedette Beenie Man.

«Beenie, je l’ai rencontré lors d’un concert que nous avons donné ensemble au Suriname. Ç’a cliqué entre nous et c’est à ce moment que je l’ai invité à faire une chanson sur mon prochain disque, a raconté l’artiste lors d’une entrevue accordée au Journal. Nous voulions sortir du reggae tribal. Nous voulions suivre un peu la vision de Bob Marley, qui était à la fois roots, rock et reggae. Je voulais aussi rendre le reggae plus dansant, le faire entrer dans les clubs.»

Alpha Blondy a tenu à souligner le 30e anniversai­re de la disparitio­n de la légende jamaïcaine (c’était en mai 2011) en enregistra­nt l’adaptation française du classique I Shot the Sheriff. La pièce, fidèle à l’originale, est ainsi devenue J’ai

tué le commissair­e.

«Je pense que Bob Marley est le premier artiste du tiers-monde à avoir rejoint un plus large public, a affirmé le chanteur, qui a traduit la chanson en 1978. C’est un modèle pour les enfants africains. Il a démontré qu’on peut réussir si on s’applique dans le travail qu’on fait.»

RÉCONCILIA­TION

La pièce qui a suscité le plus de réactions sur ce nouvel opus est sans aucun doute Réconcilia

tion, interprété­e aux côtés de l’Ivoirien Tiken Jah Fakoly. S’ils sont les deux artistes reggae les plus connus d’Afrique, les deux hommes n’ont jamais entretenu de bonnes relations.

«Il y a un temps pour faire la guerre. Il y a un temps pour faire la paix. Voici venu le temps de la réconcilia­tion», peut-on entendre dans les premières secondes de la chanson. Pas de doute, les stars ont officielle­ment en- terré la hache de guerre.

«Nous avons tous deux compris que la réconcilia­tion nationale était beaucoup plus importante que nos querelles, nos égos et nos vanités, a expliqué Alpha Blondy. Il fallait que nous donnions l’exemple. Il fallait que nous lancions un message pour dire à la classe politique et à la population que la Côte d’Ivoire a besoin de tous ses enfants. La crise a déchiqueté le tissu social et a trop fait souffrir les Ivoiriens.»

En fin de disque, on retrouve une autre pièce surprenant­e, intitulée Pardon. Avec cette chanson, le musicien fait ses excuses à tous ceux qu’il a pu blesser durant la crise. Il demande également pardon aux soldats qu’il n’a pu «sauver» à l’aide de sa musique et de ses actions.

«Durant la crise, j’ai été nommé ambassadeu­r de la paix par les Nations unies. J’espérais réussir à éviter la guerre. Toutes les personnes qui se sont investies dans la résolution de la crise ont eu l’espoir que les choses n’allaient pas dégénérer. Malheureus­ement, nos espoirs ont été vains. J’avoue mon impuissanc­e dans cette chanson. Nous avons échoué dans notre mission.»

Aujourd’hui, l’artiste «prie de tout son coeur» afin que la «convalesce­nce» de son pays se poursuive dans le calme.

«J’ai bon espoir», ajoute-t-il, optimiste.

PAS DE RETRAITE

Si 30 années se sont écoulées depuis ses débuts, Alpha Blondy, qui se produit encore souvent à l’étranger, n’a pas l’intention de prendre sa retraite.

«Dans notre métier, il n’y a pas de retraite. Nous ne sommes jamais fatigués de recevoir de l’amour du public et d’en donner. J’aime me retrouver face à mon public, parce que ça me permet aussi de leur dire merci de m’avoir suivi. Je leur serai redevable pour le restant de ma vie.» Alpha Blondy et son groupe, le Solar System, seront en concert au Club Soda le 4 juillet dans le cadre du Festival de Jazz de Montréal.

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ALPHA BLONDY AU FIJM
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PHOTO COURTOISIE

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