Le Journal de Montreal - Weekend

LES ANNÉES 1980

De vieilles voitures Honda rouillées aux coupes de cheveux crêpés et bourrés de fixatif en passant par les lunettes carrées à grosses montures et le look preppy, le directeur artistique Patrice Vermette n’a négligé aucun détail pour recréer l’univers visu

- Maxime Demers MAXIME. DEMERS@ QUEBECORME­DIA. COM

«1987, on a tendance à penser que c’était hier, mais ça fait quand même 26 ans», souligne Patrice Vermette, en entrevue au Journal.

«En 26 ans, la technologi­e change, les éclairages de rues changent, les trottoirs aussi. Les modes vestimenta­ires et les objets sont relativeme­nt différents, alors on ne peut rien laisser au hasard. Comme les budgets de films québécois ne sont pas aussi ambitieux que ceux des films américains, il faut savoir faire les choix judicieux.»

Comme Ricardo Trogi, qui s’est inspiré de son adolescenc­e pour écrire ce 4e long métrage (après Québec-Montréal, Horloge Bio

logique et 1981), Patrice Vermette avait 17ans en 1987. Il n’a donc pas trop eu de mal à se replonger à cette époque.

«On a exactement le même âge, Ricardo et moi, alors ça aide», indique le directeur artistique qui avait aussi travaillé sur 1981.

«On a les mêmes références, ce qui nous permet d’économiser beaucoup de temps quand on travaille. C’est son histoire, c’est sûr. Mais j’ai vécu des choses similaires au même âge et à la même période.»

DE EBAY AU VILLAGE DES VALEURS

Pour la reconstitu­tion des lieux et des décors d’intérieur (maisons, écoles, restaurant­s, bars... etc.), Patrice Vermette a consulté beaucoup d’archives et de photos de l’époque.

Pour dénicher les vêtements et accessoire­s des années 1980, le directeur ar-

«RETOUR À LA MAISON»

tistique et ses complices ( dont Valérie Lévesque aux costumes) se sont promenés dans les différents magasins Village des Valeurs et ont fouillé sur les sites eBay et Kijiji.

«eBay et Kijiji sont devenus des ressources incontourn­ables pour les petits accessoire­s comme des vieilles radios de voitures», dit-il.

«Pour les vêtements, étonnammen­t, c’est devenu compliqué parce que les hipsters ont compris qu’on pouvait y trouver beaucoup de choses cool des années 1980. Il faut donc chercher plus.»

«Mais pour moi, c’est important de trouver l’objet, mais pas nécessaire­ment pour le mettre en évidence. Je trouve ça plus intéressan­t de le placer en arrière-plan. Il ne faut pas que l’objet vole la vedette. Il faut laisser parler les personnage­s et l’univers de Ricardo.»

Patrice Vermette aurait bien aimé offrir une petite présence à Samantha Fox dans le film, mais l’équipe du film n’a pas réussi à contacter la gérance de l’ex-chanteuse qui faisait rêver les adolescent­s québécois à l’époque.

«Ça aurait été un beau petit clin d’oeil, glisse-t-il. Je voulais qu’on place une photo d’elle sur un casier d’école, par exemple. Mais retrouver la personne qui s’occupe de la gérance de Samantha Fox n’a pas été simple.»

Avant de revenir à Montréal pour le tournage de 1987, Patrice Vermette a beaucoup travaillé à l’extérieur de la province ces deux dernières années. Le directeur artistique québécois a d’abord passé cinq mois à Buda- pest pour travailler sur une production espagnole sur la vie de Picasso. Il s’est ensuite installé pour quelques mois à Toronto pour le tournage de An Enemy, le premier film anglophone de Denis Villeneuve.

L’automne passé, il a retrouvé Denis Villeneuve à Atlanta ou il a passé sept mois pour le tournage du thriller hollywoodi­en Prisoners, dans lequel le cinéaste québécois a dirigé Hugh Jackman et Jake Gyllebhaal.

«Avec 1987, c’est comme si je revenais à la maison», lance Patrice Vermette.

«Et avec Ricardo (Trogi), c’est toujours agréable. Et il est drôle sans bon sang et il connaît tellement bien sa job, il travaille vite et bien. C’est toujours un plaisir de travailler avec lui.» Depuis les succès internatio­naux de

C.R.A.Z.Y. et The Young Victoria - deux films de Jean-Marc Vallée sur lesquels il a travaillé - et surtout depuis sa nomination aux Oscars (pour The Young Victoria), Patrice Vermette reçoit des offres de partout dans le monde. Il tient tout de même à continuer à travailler au Québec.

«C’est important pour moi de faire les deux, admet-il. Ça me garde les deux pieds sur terre et ça met les choses en perspectiv­e. C’est sûr que ce n’est pas le même genre d’équipe, ni la même structure, quand on travaille sur une grosse production comme Prisoners ou The Young Victoria. C’est un monde totalement différent de celui du cinéma québécois. Mais, pour moi, les deux sont intéressan­ts.» √ Le tournage de 1987 a pris fin la semaine passée. Le film sortira l’an prochain.

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PATRICE VERMETTE
 ??  ?? Après l’Angleterre victorienn­e (dans The Young Victoria) et les années 60 et 70 (dans C.R.A.Z.Y.), le directeur artistique Patrice Vermette a recréé l’univers visuel des années 80 dans 1987, le prochain film de Ricardo Trogi
( Québec-Montréal, 1981).
Après l’Angleterre victorienn­e (dans The Young Victoria) et les années 60 et 70 (dans C.R.A.Z.Y.), le directeur artistique Patrice Vermette a recréé l’univers visuel des années 80 dans 1987, le prochain film de Ricardo Trogi ( Québec-Montréal, 1981).
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