Le Journal de Montreal - Weekend

CLICHÉ, MAIS PAS RATÉ

- Cédric Bélanger Agence QMI

Voyez comme ils dansent

Film de Claude Miller. Avec Marina Hands, James Thierrée, Yves Jacques.

L’hiver glacial, les Amérindien­s et une cabane bâtie par un immigrant français sur les rives d’un lac gelé: Claude Miller a entretenu durant sa vie des liens étroits avec le Québec, ce qui n’a pas empêché le cinéaste français de recourir à presque tous les clichés nourris à notre propos dans son seul film tourné chez nous, Voyez comme ils dansent.

Cette adaptation en dents de scie d’un roman de Roy Parvin, qui raconte le voyage en train d’un océan à l’autre d’une vidéaste française refaisant le trajet de son défunt mari, qui l’avait laissée pour aller refaire sa vie au Canada, aurait pu s’intituler «Ma cabane au Canada» tant on y perçoit le regard «pittoresqu­e» que bien des Européens portent sur notre contrée nordique.

Pourtant, même si Voyez comme ils dansent a été tourné et est sorti en France en 2011, bien avant Thérèse Desqueyrou­x, l’ultime long-métrage du défunt cinéaste, ce n’est que maintenant que les Québécois peuvent se faire une tête sur ce roadmovie filmé dans l’hiver québécois.

S’il a fallu attendre si longtemps, c’est certaineme­nt en raison des piètres performanc­es au guichet du film lors de sa sortie en France. Désastreus­es, de l’aveu même de l’acteur québécois Yves Jacques, dont c’était le septième film avec Claude Miller.

À défaut de se classer dans le haut du palmarès des meilleurs longsmétra­ges de Miller, Voyez comme ils dansent n’est pourtant pas un film raté, malgré l’avalanche de clichés décrits plus haut et en dépit de ce que laisse croire l’accueil qui lui a été réservé en France.

On suit Lise Clément (Marina Hands), qui s’embarque avec sa caméra sur le Canadian. Sept ans plus tôt, son mari Victor Clément, un showman de renommée mondial tourmenté, avait tout abandonné pour les beaux yeux d’Alex (Maya Sansa), une infirmière canadienne bossant dans un petit village ontarien perdu dans la campagne.

Or, tu parles d’un adon, les deux femmes se croiseront lorsque le train de Lise est accidentel­lement immobilisé pour plusieurs jours… près du village où vit Alex. L’occasion pour Lise de connaître celle qui lui a subtilisé son Victor et de découvrir l’endroit où celui-ci a vécu, et s’est même bâti une cabane en bois, avant de se suicider.

Ce hasard digne du gars des vues, et un peu difficile à digérer d’un point de vue vraisembla­nce du récit, est quand même à l’origine des meilleures scènes du film, celles qui opposent les deux amoureuses rivales. On aurait d’ailleurs aimé que le cinéaste approfondi­sse davantage la relation entre Lise et Maya, l’une des pistes les plus intéressan­tes de Voyez comme ils dansent.

Les extraits des spectacles de Victor ainsi que les apparition­s humoristiq­ues de Yves Jacques en chef de train fournissen­t aussi de beaux moments au spectateur.

Par contre, Voyez comme ils dansent souffre d’une utilisatio­n abusive des flashbacks, ce qui explique pourquoi le film tarde à prendre son envol et laisse au final sur une impression d’oeuvre inachevée.

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PHOTO COURTOISIE
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