Le Journal de Montreal - Weekend
ANECDOTES
Après l’avoir poliment salué, les «deux bombes sexuelles» prennent leurs sièges et commencent à feuilleter le journal. En voyant un reportage sur Arthur, une personnalité télé et radio des années 1990, les jeunes femmes lancent: «Arthur, c’est toute notre jeunesse!» En entendant l’exclamation du tandem, Michel Drucker fronce les sourcils: «Si Arthur est toute leur enfance, je dois être préhistorique!»
Après l’atterrissage, les jolies passagères s’approchent du vétéran animateur et lui demandent un autographe… pour leurs mères. Curieux, Michel Drucker leur pose une question épineuse : «À vos yeux, suis-je une statue de cire du Musée Grévin qui bouge encore?»
La réponse des minettes rassure l’animateur. Pour elles, il est intemporel. La nouvelle génération n’a jamais connu la télévision sans Michel Drucker. Il fait partie des meubles. Une figure emblématique du paysage audiovisuel français. Point final. «Vous avez été vendu avec le poste!» concluent ses interlocutrices.
Ces témoignages d’amour nourrissent énormément Drucker, qui évolue dans un domaine hyper compétitif dont les règles sont dictées par les cotes d’écoute. «Depuis que la télécommande existe, on passe des nuits blanches, reconnaîtil. C’est le public qui décide.»
UN NOUVEAU CHAPITRE
Les téléspectateurs québécois pourront apprécier les talents de conteur de Michel Drucker dès l’automne 2014, puisqu’il animera L’été indien avec Julie Snyder, à TVA. Coproduction francoquébécoise, ce talk-show enregistré à Montréal et partout en province sera aussi présenté sur France 2.
Pour Michel Drucker, cet intrigant projet marque le début d’un nouveau chapitre. Après avoir piloté des émissions à grand déploiement devant des millions de téléspectateurs, le monstre sacré du petit écran revient aux bases de son métier.
«Je suis comme un chanteur populaire – habitué de jouer dans des salles comme l’Olympia de Paris – qui part en tournée acoustique. Ça m’amuse.»
Drucker qualifie L’été indien de «télévision plus humaine». «C’est un retour à l’artisanat. L’été in
dien, c’est le contraire des émissions de paillettes. Le contraire des émissions qui en mettent plein les yeux. C’est une émission que les gens vont regarder pour avoir l’impression d’être avec nous, tout simplement.»
D’après lui, la formule intimiste du rendez-vous plaira aux stars qu’il recevra. Les artistes apprécient les «grosses machines» du type Star Académie, mais ils préfèrent les plateaux dépouillés, soutient-il. «On aurait pu appeler l’émission Pique-nique au bord du
Saint-Laurent, lance-t-il en riant. Céline Dion amènera des oeufs cuits durs. Gad Elmaleh apportera des tomates, puis Julie fournira le tofu!»
Parlant de Julie Snyder, l’ex-démone admire l’esprit d’aventure qui anime son nouveau partenaire de micro. «Il pourrait très bien dire: “Je suis Michel Drucker. Je vais surfer sur ma réputation.” Mais au contraire! J’ai l’impression de travailler avec un petit nouveau ouvert à tout. Un débutant assoiffé qui dit: “Julie, si on n’a pas assez d’argent pour acheter une table à pique-nique pour installer les invités, on étendra une nappe sur l’herbe puis on s’assoira à terre!” C’est fantastique de travailler avec quelqu’un comme ça.» La télévision française traverse une période de crise, indique Michel Drucker. L’animateur en sait quelque chose. Après avoir vécu l’âge d’or des émissions de variétés dans les décennies 1970 et 1980, il doit faire face aux compressions. France 2 a peut-être renouvelé Vivement dimanche pour deux saisons supplémentaires, elle a abandonné
Champs-Élysées. Animée par Nagui sur France 2, Taratata a aussi mordu la poussière… tout comme Chabada, pilotée par Daniela Lumbroso sur France 3. «La crise économique a beaucoup touché la télévision, explique Michel Drucker. Les budgets sont moins grands. Durant son mandat, Nicolas Sarkozy a éliminé la publicité en prime time sur France Télé. Mais il n’a jamais augmenté les redevances. Puisque 40% du budget de France 2 provenait des revenus publicitaires, ils ont dû supprimer plusieurs postes. Plusieurs animateurs sont au chômage aujourd’hui.» Du côté québécois, Julie Snyder observe aussi un changement. «On sent que c’est difficile, dit la productrice. J’ai parlé à mon équipe l’autre jour. J’ai dit: “Il va falloir trouver une façon différente de travailler.” Il faut voir les choses autrement, faire nos émissions d’une nouvelle façon, avec moins de caméras, moins de moyens… C’est une réalité à laquelle on est tous confrontés. Il faut être créatif.» «J’ai commencé ma carrière en tenant une chronique qui s’intitulait Beau, bon, pas cher au canal communautaire. Ça m’a préparée à survivre aux conditions actuelles. Aujourd’hui, ça doit être beau, ça doit être bon, pis ça doit pas coûter cher!»