Le Journal de Montreal - Weekend
DES BRUITS ASSOURDISSANTS
C’est avec beaucoup de prétention que le coauteur de la pièce Les oiseaux mécaniques estime que le monde est bouché. À chacun son point de vue, mais déjà la table est mise pour un univers scénique qui promet également d’être provoquant. Une bien drôle de
C’est une conjugaison de disciplines où s’entrecroiseront la dramaturgie et des tableaux vivants, le tout ponctué de musique et de chansons que nous propose l’Espace Libre, dans les prochains jours.
«Il est question de pouvoir et d’aliénation, affirme le coauteur, Simon Drouin. La musique est utilisée comme une forme de pouvoir qui pèse sur les gens.»
Pourtant, on choisit la musique dans son iPod, lorsque nous sommes chez soi ou encore dans sa voiture. Ailleurs, elle peut être imposée, que ce soit dans une boutique ou un resto. Mais nous ne sommes pas obligés d’y entrer lorsque le style ne nous convient pas. Peut-être que ceux qui l’écoutent sans y porter attention sont les véritables bouchés.
LA CONFUSION
Le concept de la pièce est l’idée de ne pas faire ce que l’on attend de soi. «Le spectacle est censé être un concert classique», souligne le coauteur qui est éga- lement concepteur, musicien et membre de l’Orchestre d’hommes-orchestres. «Sur scène, il y aura un chef d’orchestre, mais ses musiciens feront autre chose et le concert n’aura pas lieu.» Les concepteurs se demandent si le silence peut encore exister. Oui! Très certainement, il faut simplement le vouloir et se tenir à l’écart du rythme trépidant et peut-être même écouter les oiseaux qui ne sont pas devenus mécaniques. On se questionne également si un jeune qui préfère Chopin à U2 devrait être un modèle ou une consolation. Tout est une question de raffinement et de goût.
UN DÉTOURNEMENT
On dit que les oiseaux ne font plus les choses comme avant, c’est-à-dire avant qu’ils ne deviennent mécaniques. «Les oiseaux mécaniques, c’est un détournement», dit-il.
Si l’on pouvait fragmenter le spectacle en quatre mouvements, il serait à l’image d’une symphonie. Outre les performances musicales, on comptera des commentaires et des moments contemplatifs. De quoi laisser un beau répit aux spectateurs.
«On souhaite amener des réflexions par cette création, fait remarquer Simon Drouin. Nous sommes dans le domaine de la poésie et de la métaphore.»
La pièce qui s’apparente à une symphonie théâtrale sera présentée à la manière d’une formule cabaret et les comédiens feront des monologues en s’adressant directement au public lors de certains segments du spectacle.
Les auteurs considèrent que nous sommes submergés par l’information. Ils affirment également qu’ils sont submergés, voire étouffés par la musique. Souhaitons qu’il s’agisse d’humour, car «tourner la switch à off» est pourtant un jeu d’enfant.