Le Journal de Montreal - Weekend

L’immortel Bécaud

Douze ans, presque jour pour jour, après le décès de Gilbert Bécaud, celle qui a partagé sa vie, Kitty, lance un coffret 60e anniversai­re. Pour l’occasion, elle est «sortie de son trou», comme elle le dit elle-même, et nous a parlé de cet homme qu’elle a

- Élizabeth Ménard

Kitty Bécaud n’a jamais couru les caméras, bien au contraire. Mais, au cours des deux dernières années, elle a commencé à donner quelques entrevues ici et là, question qu’on n’oublie jamais son homme. «Je suis très timide et ce n’est pas mon métier. Mais je fais ça pour la mémoire de Gilbert, dit-elle. Il y a eu un moment où j’ai trouvé qu’on ne parlait pas assez de lui, surtout en

France.»

CITOYEN DU MONDE

Le coffret Gilbert

Bécaud Édition 60e anniversai­re souligne les 60 ans du premier enregistre­ment de celui qu’on surnommait Monsieur 100 000 volts. Cette première chanson, c’était Les croix, écrite par Louis Amade en 1952. Sur les quatre disques du coffret, on retrouve ses grands succès, des versions live, des démos ainsi que des versions chantées en d’autres langues. On apprend ainsi que Bécaud a déjà enregistré une version en japonais de L’important c’est la rose, de même que des chansons en espagnol, en italien et même en allemand. «Il parlait couramment l’allemand, l’espagnol, l’italien et l’anglais, évidemment. La seule qu’il ne parlait pas c’était le japonais. Il le chantait phonétique­ment», révèle Kitty.

Bécaud était un citoyen du monde. Il n’écrivait pas ses chansons, mais les composait. Ses nombreux voyages lui ont d’ailleurs inspiré des mélodies. La chanson La vente aux enchères, par exemple, a été écrite à Montréal et inspirée par la musique traditionn­elle québécoise. «L’idée de La vente aux en

chères lui est ve- nue alors qu’on était au Alouette Steak house, sur Sainte-Catherine, se souvient Mme Bécaud. Chaque fois qu’on venait, on allait dîner là avec les musiciens après le spectacle.» Le chanteur aimait beaucoup le Québec, dit- elle. « Une des premières tournées qu’on a faites ensemble, c’était au Québec. Je pense que c’était au début de 1966. On faisait des tournées qui duraient plus d’un mois. On allait dans les petites villes. C’était formidable! Les salles étaient toujours pleines. On était partout. À l’époque, il était très connu, attendu, même. Parfois, il chantait deux ou trois fois dans la même journée parce que les salles étaient trop petites » , raconte- t- elle.

DES INÉDITS

Le choix des chansons qui figurent sur les quatre CD du coffret 60e n’a pas été facile à faire. «Ce fut très dur de ressortir tout ça. Mais j’ai eu de l’aide. Au début, je ne pouvais pas du tout écouter les bandes. Mon mari me manque», confie-t-elle. Mme Bécaud a tout de même mis la main sur plusieurs enregistre­ments inédits, comme des démos, qui n’avaient jamais été commercial­isés auparavant. On y trouve même une chanson, Le chemin, que Kitty n’avait jamais entendue.

Depuis le décès du légendaire chanteur, de l’eau a coulé sous les ponts. Mais Kitty est toujours aussi amoureuse de lui, ça s’entend au son de sa voix lorsqu’elle évoque ses souvenirs. Elle nous confie d’ailleurs que la pièce Je reviens te chercher, très populaire au Québec, a été écrite pour elle. «Ça fait tellement longtemps... On s’était disputé, je ne me souviens même plus pourquoi. Je suis partie aux États-Unis chez mes parents et il est venu me chercher. Ce n’est pas lui qui a écrit les paroles, mais l’idée venait de lui donc, évidemment, j’ai un faible pour cette chanson», raconte-t-elle.

Kitty souligne aussi à quel point son mari était un bon père de famille, toujours présent pour ses enfants. Aujourd’hui encore, sa présence se fait sentir. Bécaud est immortel.

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