Le Journal de Montreal - Weekend

Vieux fantômes Colin Farrell

- Michael Rechtshaff­en Agence QMI

«J’ai eu la possibilit­é d’incarner Walt Disney quand il fait son émission de télévision et qu’il parle à la fée Clochette. C’est un rêve d’enfant!»

L’ANGLAISE ACARIÂTRE…

Sauvons M. Banks montre, par une série de retours en arrière, les raisons pour lesquelles P.L. Travers (Emma Thompson) ne parvient pas à «laisser aller» l’histoire et le personnage de Mary Poppins, cette gouvernant­e dotée de pouvoirs magiques qui vient en aide à une famille britanniqu­e.

Élevée en Australie, fille d’un père merveilleu­x, mais alcoolique et incapable de garder un emploi, l’auteure s’est rapidement réfugiée dans un monde complèteme­nt imaginaire.

«P.L. Travers et Walt Disney ont tous deux eu une enfance difficile. Walt Disney avait un père violent et abusif, qu’il aimait beaucoup, et P.L. Travers avait un père alcoolique et psychologi­quement abusif, qu’elle aimait énormément. Ils étaient tous deux des enfants blessés et ils ont porté ces blessures pendant toute leur vie, mais ils les ont gérées d’une manière totalement différente», a indiqué l’actrice.

«Si vous regardez l’affiche du film, on y voit Walt Disney et P.L. Travers, et leurs ombres sont celles de Mary Poppins et de Mickey Mouse. Il y a une vérité immense contenue dans cette image. À mon avis, la création de ces deux personnage­s a été primordial­e pour la survie de ces deux individus. Ce sont ces personnage­s qui ont rendu le monde environnan­t suffisamme­nt sûr pour les deux enfants blessés contenus à l’intérieur de ces deux adultes.» Comme l’a fait remarquer Emma Thompson, «il a fallu 20 ans pour que le film Mary Poppins soit réalisé et qu’elle vende ses droits. L’histoire n’a rien de romantique. Ce n’est que par nécessité économique, parce qu’elle était une femme seule, sans mari, qu’elle ne voulait pas perdre la maison qu’elle aimait, qu’elle a accepté que le film soit réalisé.» Sauvons M. Banks prend l’affiche partout au Québec le 20 décembre. LOS ANGELES | Comment le flamboyant Colin Farrell peut-il être effacé à l’écran? Impossible, pensez-vous. Pourtant, c’est bien ce qui lui arrive dans Sauvons M. Banks, qui met en vedette Tom Hanks et Emma Thompson.

Le film se concentre sur les efforts déployés par Walt Disney (Tom Hanks) pour convaincre P.L. Travers (Emma Thompson) de lui céder les droits de son roman Mary Poppins afin de porter la populaire gardienne d’enfants au grand écran. Un labeur qui a duré 20 ans.

Farrell, lui, apparaît par bribes, dans des scènes de retour dans le temps. Il joue un banquier et le paternel de Travers, qui a installé sa famille en Australie, dans une région rurale. Charmant, mais troublé, Travers Goff a le mal de vivre et sombre dans l’alcool.

Farrell n’est pas étranger à de tels démons, lui-même ayant dû lutter contre sa dépendance à la drogue et à l’alcool en 2005.

À voir ce père de deux enfants en bas âge, posé et réfléchi, on a du mal à se rappeler l’homme intense, qui vivait dans l’excès. Jouer Travers Goff a-t-il éveillé de vieux fantômes?

Je ne m’identifie pas à Travers ni à sa vie, mais je comprends sa tristesse et son inconfort dans son propre corps. C’est une histoire qui, malheureus­ement, arrive souvent et est vécue par beaucoup de gens. Il aimait profondéme­nt les siens, mais ne savait pas comment le démontrer, comment être un roc auquel sa famille aurait pu s’accrocher. Une réalité crève-coeur dont il n’arrivait plus à se sortir. En 1907, les groupes de soutien ne couraient pas les rues. Diriez-vous que vous avez plus d’énergie qu’avant?

Oui et il le faut. Je ne pourrais plus mener la vie d’avant et être un bon papa à la fois. Ça m’a rattrapé avec le temps. J’étais pourtant solide de nature, mais je n’avais plus la santé pour continuer ce train de vie. J’ai pris la décision d’arrêter. On m’a enlevé un bandeau de sur les yeux et cela a valu la peine. Vous semblez à l’aise dans les films d’époque. En avez-vous fait une prédilecti­on?

Lorsque nous avons tourné Alexandre (réalisé par Oliver Stone et mettant en vedette Angelina Jolie, Val Kilmer, Anthony Hopkins et Jared Leto) au Maroc, je me suis senti chez moi. Le Maroc a gardé quelque chose d’antique, puisque les villes ne sont pas garnies de tous les attributs modernes qu’on trouve ailleurs. Il y a toutes les commodités, sauf qu’elles sont moins évidentes. C’est étrange. Ça m’était tellement familier. Je ne renoncerai pas à jouer dans un film dont l’action se déroulerai­t au premier millénaire. C’est une période que je n’ai pas eu l’occasion d’explorer. Au rythme auquel les tournages d’époque s’enchaînent pour vous, ça semble probable…

Oui. On ne cesse de me faire jouer un siècle en arrière. À ce train-là, j’y parviendra­i dans quelques années! Vous avez travaillé sur d’autres projets, dont Conte d’hiver (Akva Goldsman) avec Russell Crowe et Will Smith, et Miss Julie (Liv Ullmann) avec Jessica Chastain et Samantha Morton. Vous considérez-vous comme un bourreau de travail?

J’apprécie mon travail, vous savez. Mais je fais attention de ne pas replonger dans mes vieilles habitudes. Avant, je travaillai­s comme un démon, plus qu’aujourd’hui. J’allais de contrat en contrat. Par le passé, je n’appréciais pas mes temps libres, pas comme maintenant. Avez-vous déjà travaillé avec une personne comme P.L. Travers?

Jamais. Je n’ai jamais travaillé avec quelqu’un d’aussi dédaigneux et qui résiste aussi férocement à tout un processus. Il m’est arrivé de me retrouver dans un conflit de travail, où la fierté et l’ego prennent toute la place. Des désaccords créatifs, qui sont toutefois constructi­fs parce qu’exprimés en vue du résultat final. Mais jamais je n’ai connu un tel tsunami de négativité, comme elle est dans ce film pour empêcher son histoire de passer du livre à l’écran. J’ai trouvé ça pénible, parce que j’aime mon métier d’acteur.

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