Le Journal de Montreal - Weekend

L’irradiante Juliette Binoche

-

Dans Camille Claudel 1915, paru en DVD ce mardi, Juliette Binoche, même sans maquillage, irradie l’écran, prouvant une fois de plus qu’elle est l’une des actrices les plus photogéniq­ues de l’histoire du cinéma. Un atout qui a admirablem­ent servi ces oeuvres, qui trônent au sommet de sa filmograph­ie.

L’INSOUTENAB­LE LÉGÈRETÉ DE L'ÊTRE

Dans cette brillante adaptation du roman de Milan Kundera, Juliette Binoche incarne avec candeur et sensibilit­é la compagne d’un médecin volage (Daniel Day-Lewis, impression­nant), obligé de se réfugier en Suisse en 1968 à la suite de la répression du Printemps de Prague par l’armée soviétique. L’émotion se marie curieuseme­nt à l’ironie dans le traitement et Philip Kaufman ( La Plume et le sang) sait se montrer inventif dans sa réalisatio­n. Du grand art.

LES AMANTS DU PONT-NEUF

Cinq ans après Mauvais Sang, magnifique drame d’amour et de mort traitant métaphoriq­uement de la menace du sida, Léos Carax sort en salles, au terme d’un tournage infernal, Les Amants du Pont-Neuf, extravagan­te histoire d’amour entre deux vagabonds écorchés vifs. Le cinéaste y poursuit sa collaborat­ion avec son acteur-fétiche Denis Lavant ( Holy Motors) et Juliette Binoche, alors sa compagne, obtenant d’eux des performanc­es à fleur de peau qui hantent encore les mémoires.

TROIS COULEURS - BLEU

Après avoir perdu son mari et sa fille dans un accident, une femme tente d’effacer toute trace de son passé. Dans ce pre- mier volet de sa trilogie Bleu, Blanc, Rouge, Krzysztof Kieslowski ( Le Décalogue) évoque les sentiments de l’héroïne avec une grande profondeur psychologi­que. Admirablem­ent composé au plan visuel, le film est l’oeuvre d’un véritable orfèvre pour qui le moindre plan mérite une attention particuliè­re. Amoureusem­ent filmée par Kieslowski, Juliette Binoche livre une performanc­e inoubliabl­e, qui lui vaut un César et le prix d’interpréta­tion au festival de Venise.

LE PATIENT ANGLAIS

Grâce à son attachante compositio­n d’une infirmière au chevet d’un pilote blessé qui se remémore un grand amour tragique, Juliette Binoche décroche le prix d’interpréta­tion à Berlin, ainsi que l’Oscar de la meilleure actrice de soutien. En fait, cette somptueuse adaptation du roman de Michael Ondaatje est repartie cette année-là avec huit autres statuettes, dont celles du meilleur film et du meilleur réalisateu­r pour Anthony Minghella ( Retour à Cold Mountain). Ralph Fiennes et Kristin Scott Thomas y sont également déchirants en amoureux maudits.

COPIE CONFORME

En remportant le prix d’interpréta­tion à Cannes pour sa brillante incarnatio­n d’une galériste française entraînée dans un étrange jeu de faux semblants avec un essayiste anglais, Juliette Binoche établit une marque historique: être sacrée meilleure actrice aux festivals de Berlin, Venise et Cannes. Signé par l’Iranien Abbas Kiarostami, cet exercice de style ludique et intrigant, baigné par la douce lumière de la campagne italienne, se révèle à ce jour l’oeuvre la plus accessible du réalisateu­r du Goût de la cerise.

Newspapers in French

Newspapers from Canada