Le Journal de Montreal - Weekend
Cali : La vie cowboy
À l’approche de Noël pour les amateurs de chansons qui conservent un peu de leur âme d’enfant, Cali leur offre cette fébrilité et nostalgie de saison par un coffret à étrenner, évoquant son village natal dans les Pyrénées françaises, chargé de références à son histoire familiale toujours marquée par la guerre civile des années 1930 en Espagne, des chansons engagées empreintes de justice sociale et une interprétation en ligne droite de Ferré et Higelin.
Trois CD, le premier en duo avec Steve Nieve, pianiste d’Elvis Costello et des Attractions, pour un récital impeccable, une interprétation bouleversante et d’une grande justesse de ton, appuyée finement par un piano jouant le rôle d’un orchestre, créant climats et textures qui rendent éblouissants le rythme et la rime; 17 chansons, reprenant L’affiche rouge d’Aragon/Ferré, puis enchaînant avec un hommage émouvant envers ses grand-parents Guiseppe et Maria. Les deux autres CD présentent un concert en version électrique au Bataclan cette année, avec au programme 28 chansons qui font le tour du jardin; fougueux, indocile, engagé, mais aussi excessif, chantant à pleins poumons pour se fusionner avec les fans qui vont entonner couplets et refrains à chacune des invitations de Cali ( Ma douleur, Mille coeurs debout).
On a pu avec raison lui reprocher par le passé d’en faire un peu trop, tant techniquement que trop scéniquement, laissant entrevoir des carences plutôt qu’une forte signature. Le duo avec Nieve offre ce changement vers un auditoire plus universel, souhaité par plusieurs. Le second comporte les vices et vertus d’un show d’aréna, mais les inconditionnels s’y retrouvent. Vox populi, vox dei. Avec Lou Doillon, une offrande hexagonale en cette fin d’année qui se prend bien.