Le Journal de Montreal - Weekend
100% QUÉBEC 100% EN FRANCAIS
Réaliser entièrement à Québec un film d’animation capable de rivaliser avec les mégaproductions de Disney et de Pixar? La productrice Nancy Florence Savard et une équipe de 115 artistes éparpillés aux quatre coins de la capitale entendent prouver que c’es
Mise en images dans un style rappelant l’univers de Chuck Jones, créateur de Vil Coyote, cette adaptation du roman Le coq
de San Vito, de Johanne Mercier, raconte l’histoire d’un village qui se rebelle contre son coq. Le péché de celui-ci? Réveiller les habitants chaque matin, à l’aurore, pour qu’ils aillent travailler.
«C’est le premier long-métrage d’animation fait à 100 % à Québec et le premier film d’animation tourné en français en version originale au Canada», lance fièrement Nancy Florence Savard, que nous avons rencontrée dans les bureaux de sa compagnie, Productions 10e Ave, à Saint-Augustin-de-Desmaures.
Pour prendre la mesure du tour de force orchestré par la productrice et le réalisateur du film, Pierre Gréco, il faut savoir que Le coq de St-Victor a été tourné avec un budget de 2,9 M$.
Aux États-Unis, rares sont les films d’animation qui coûtent moins de 100 M$. Certains, comme Histoire de jouets 3 ou Les bagnoles 2, disposaient même d’une enveloppe de plus de 200 M$.
«Quand j’ai mentionné le montant à mon directeur d’animation chez Frima, Yann Tremblay, il a dit: Nancy, es-tu consciente que le budget que tu as pour ton film, c’est le même que les Américains utilisent pour faire leur bande-annonce?» lance la productrice en riant.
COLORÉ
Les cerveaux de 115 artistes de la région de Québec ont été mis à contribution pour opérer ce petit miracle, qui a pris naissance dans les studios de Frima. Une technique d’animation empruntant à la 3D, utilisée notamment aux ÉtatsUnis pour le film Rango, a été mise à profit par les animateurs et a donné au Coq de St-Victor l’allure de dessin animé recherchée.
«On a trouvé quelque chose d’excessi-vement coloré. C’est charmant et éblouissant. Quand ça va arriver, en février, au moment où on est tannés de l’hiver, les gens vont le remarquer», s’enthousiasme-t-elle.
«UNE BELLE ÉQUIPE»
En plus de l’animation, toute la musique, les effets sonores et le montage ont été conçus à Québec. «On a réussi à bâtir une belle équipe. On est rendus à 72 semaines de travail dans la région de Québec pour faire ce film. En comparaison, un tournage avec de vrais comédiens donne du travail pour 25 à 30 jours. On a des gens de partout. Certains arrivent de Californie. C’est structurant pour la région de Québec», souligne Nancy Florence Savard. Cette dernière espère d’ailleurs avoir des réponses positives rapidement de la SODEC et de Téléfilm Canada pour entreprendre son prochain film afin d’éviter que les artisans du Coq de St-Victor n’aillent travailler ailleurs.
La sortie de la bande-annonce du Coq de St-Victor a piqué la curiosité des habitants du véritable village de Saint-Victor, en Beauce. «On a reçu des courriels. Ils veulent qu’on aille leur présenter. Nous avons été très touchés par leur réaction», dit Nancy Florence Savard, qui promet d’acquiescer à leur demande.