Le Journal de Montreal - Weekend

LES COMBATS D'UNE VIE

Porter la vie d’un personnage aussi respecté et admiré que Nelson Mandela au grand écran est la tâche ardue à laquelle s’est attelé le réalisateu­r Justin Chadwick. C’est Idris Elba qui a été choisi pour le rôle principal, tandis que Naomi Harris incarne s

- Isabelle Hontebeyri­e Agence QMI

Quelques semaines après le décès de Nelson Mandela, voici qu’un long-métrage sur cette figure historique du combat contre l’Apartheid prend l’affiche. Adapté de l’autobiogra­phie écrite par le chef d’État sud-africain, Mandela: Un long chemin vers la liberté, tourné en Afrique du Sud, est le résultat d’une amitié entre le producteur Anant Singh et Nelson Mandela, alors qu’il était en pleine rédaction de l’ouvrage. Il y a 16 ans, six semaines après la libération de Nelson Mandela, Anant Singh – qui a amorcé sa carrière de cinéaste sous le régime de l’Apartheid – a eu l’occasion de lire le manuscrit de l’autobiogra­phie que lui avait remis le chef de l’ANC. Il a immédiatem­ent souhaité en faire un long-métrage et s’est lancé dans le développem­ent de ce projet titanesque.

«Il était plus important pour moi de trouver un acteur qui puisse incarner Mandela que de choisir un Sud-Africain à tout prix», a lancé le cinéaste britanniqu­e Justin Chadwick, prenant bien soin de désamorcer rapidement toute controvers­e sur le sujet. En effet, bon nombre de films biographiq­ues sur Mandela – le dernier en date étant Winnie – ont été conspués par les Sud-Africains, furieux que l’acteur choisi ne soit pas l’un des leurs.

«Idris possède le charisme que je recherchai­s. C’est difficile à décrire, mais quand il entre dans une pièce, il l’illumine. En interviewa­nt les anciens amis ou collègues de Madiba, j’ai appris qu’il possédait une énergie électrisan­te que tout le monde autour de lui ressentait. C’est ce que j’ai trouvé chez Idris», a ajouté le réalisateu­r, qui connaissai­t l’acteur depuis son apparition dans la série télévisée The Wire.

Dès qu’il a été choisi pour incarner Nelson Mandela, Idris Elba a senti la pression. «Tout le monde a une image mentale de Nelson Mandela. L’une des choses dont j’ai abondammen­t discuté avec Justin, au moment de mon embauche, a été le fait que je ne ressemble pas du tout à Mandela. Je ne savais pas du tout comment j’allais pouvoir contourner ça, et même si le public était capable d’en faire abstractio­n. Justin m’a répété de ne pas m’en faire, qu’il allait montrer l’homme intérieur et la présence de Mandela. Oui, j’ai mis du temps à intégrer cette notion et à faire confiance à cette vision.»

Mandela: Un long chemin vers la liberté couvre la vie de l’homme d’État, de son enfance à son divorce d’avec Winnie (Naomi Harris). «Pour moi, Nelson Mandela est un homme qui a totalement sacrifié sa vie pour les autres. S’il y a une chose que Mandela m’a apprise, c’est qu’on peut être un artisan du changement que l’on souhaite voir», a commenté Idris Elba.

Naomi Harris, qui s’est glissée dans la peau de Winnie Mandela, personnage controvers­é s’il en est, voit Madiba comme «le symbole du pardon. La réaction humaine instinctiv­e à la brutalité et à la répression est la vengeance et la colère. Il est parvenu à passer par-dessus cela, choisissan­t la compassion, la compréhens­ion et le pardon.»

CÔTÉ SECRET

Le long métrage permet de découvrir un côté presque secret de Nelson Mandela, ainsi que l’a expliqué Idris Elba.

«On voit Mandela jeune et c’est un côté de lui que personne ne connaît. Même si quantité d’ouvrages ont été écrits sur lui et sur sa jeunesse, ce n’est pas un aspect de sa vie qui a été vu au cinéma. J’ai vraiment eu l’occasion de créer ce Mandela jeune. Je me suis concentré, non pas sur les faits, mais sur ce qu’il suscitait chez ceux qu’il rencontrai­t et sur sa présence. J’ai

aussi cherché à savoir ce que pensaient ceux qui voyaient ce jeune avocat traverser la rue, il était déjà un symbole d’espoir à l’époque, avant même de s’engager dans le combat de l’ANC. Par ailleurs, je n’ai pas cherché à en faire un saint. Oui, il avait des défauts, c’était un coureur de jupons et je n’ai pas occulté cette réalité.»

«Les héros sont rares à notre époque. Oui, Mandela a existé, oui, le film est un film biographiq­ue, oui, tout ce qu’on voit s’est produit. Mais cet homme peut également inspirer d’autres personnes à devenir des Mandela à leur manière. Et, oui, c’est ce que j’aimerais que le public retienne comme message après avoir vu ce film», a dit Idris Elba.

Pour Naomi Harris, le coeur de Mandela: Un long chemin vers la liberté est «le pouvoir guérisseur du pardon, une notion extrêmemen­t puissante et extrêmemen­t importante. Pour paraphrase­r Winnie Mandela, le film est aussi un acte de mémoire, afin de se rappeler que la liberté est chèrement gagnée, et que quantité de gens sacrifient leur vie pour que les autres puissent jouir de cette liberté, de cette égalité raciale. Il ne faut absolument pas tenir cette liberté pour acquise, comme il ne faut pas en abuser.» Mandela: Un long chemin vers la liberté prend l’affiche dans les salles du Québec dès le 25 décembre.

 ??  ??
 ??  ??

Newspapers in French

Newspapers from Canada