Le Journal de Montreal - Weekend
Toujours aussi bon
Inattendu. Coïncidant avec la remise du prix Juno pour son cd Popular Problems (2014), sacré meilleur album de l’année (2015). Ce dernier album est une carte postale, prise d’arrière-scène, croquée sur le vif, pendant la tournée (2012) de son album précédent Old Ideas, visant sans conteste à séduire les fans de longue date qui en redemandent sans cesse.
Le pourquoi est simple. Jamais Cohen n’a été aussi bon, sur disque et sur scène. Visiblement heureux d’être si bien appuyé, musicalement, devant des auditoires aussi réceptifs que conquis. Réconcilié avec son karma.
Les producteurs et ingénieurs ont restitué dix moments singuliers, tant pour la sélection du répertoire que des conditions d’enregistrement.
D’abord glanées ici et là, de Copenhague à Québec, on y retrouve de très anciennes chansons dont certaines n’ont jamais été chantées sur scène ( Joan of Arc); de nouveaux arrangements qui transfigurent des vieux chevaux de bataille comme Field Commander Cohen, I Can’t Forget ou Light As A Breeze, enregistrées spontanément durant des tests de son; deux nouvelles dont Never Gave Nobody Trouble, pur blues, et Got A Little Secret, pur soul, pour boucler le tout de deux reprises, Choices de Georges Jones et surprise, La Manic de Georges Dor.
Même le ton usé de sa voix, mise en valeur par des arrangements fabuleux et une exécution instrumentale impeccable, est plein de charme. Rien ne rapproche Cohen de Georges Jones et pourtant cette magnifique version aux accents cajuns et atmosphériques est de toute beauté, elle transcende l’original. Le fait d’avoir choisi La Manic faisant figure de symbole de la Révolution tranquille et du climat social des deux solitudes en touchera certainement plusieurs. On aurait pu craindre l’anecdote. Il n’en est rien.