Le Journal de Montreal - Weekend
100 bougies pour Billie
De Janis Joplin à Amy Winehouse et d’Ella Fitzgerald à Joss Stone, toutes ces chanteuses ont salué l’immense talent de Billie Holliday. Pour son 100e anniversaire de naissance, son disque ultime, Lady in Satin, fait l’objet d’une imposante réédition. L’émotion à fleur de peau!
Si la chanteuse Ella Fitzgerald était synonyme de joie de vivre, nous n’en dirions pas autant de Billie Holliday. D’une vie marquée au «fer rouge» par une enfance presque tragique, elle aura pendant sa courte carrière donné une voix aux déshérités, aux enfants maltraités ( God Bless The Child) et «s’emportera» contre le racisme ambiant ( Strange Fruit).
En 1958, fortement diminuée par la consommation d’alcool et de stupéfiants, Lady Day prend les chemins du studio sous la direction du grand producteur Irving Townsend. Entourée d’un orchestre à cordes et d’une phalange de redoutables musiciens, elle livrera son dernier tour de chant.
UNE LEÇON DE CHANT
Pour une très rare fois et probablement parce que ce coffret fut conçu en Europe, vous pourrez suivre les péripéties de cet enregistrement en français. Considérée par nombre de spécialistes comme l’un des 100 disques qu’il faut écouter dans sa vie, Lady In Satin (Columbia/Sony) est un condensé de standards de jazz, la plupart étant des ballades.
Si la mouture originale était de 44 minutes, format normal pour l’époque, cette version 2015 en trois disques nous fait redécouvrir des plages retravaillées en mode stéréo comme The End Of A Love Affair. Nous nous attarderons à certaines prises inédites, et bien entendu, les «perles» non retenues du disque original. Loin d’être une affaire de spécialistes, Billie Holliday est encore la chanteuse qui se vend le mieux chez les non – amateurs de jazz. Nous devinons à l’écoute de ce coffret, tout le désarroi d’une artiste au bout du rouleau. Parfois elle tousse, parfois la voix se fait distante, mais la grande dame de la chanson continue. Une leçon de courage!