Le Journal de Montreal - Weekend
Voir Budapest et mourir
Les Européens, notamment grâce au développement des compagnies à bas prix, ont appris à connaître Budapest. Les Québécois pourraient bientôt en faire autant: la compagnie Air Transat propose cet été des vols directs pour la ville hongroise depuis Montréal.
La nouvelle a de quoi réjouir, car Budapest possède autant d’atouts que sa consoeur française. Fasciné par l’aspect monumental de Paris? Attendez d’avoir découvert le Parlement hongrois qui trône au coeur de la ville, au bord du Danube. «Récemment» construit (inauguré en 1904), le monument est reconnaissable entre mille par son style néogothique et ses deux tours hautes de presque 100 mètres.
L’intérieur regorge de dorures (à l’image du splendide escalier principal) et de trésors. Les plus précieux aux yeux des Hongrois demeurent le sceptre, le globe et la couronne de Saint Étienne, fondateur et premier roi de Hongrie.
La nuit, le coeur de la vie politique hongroise s’illumine, tout comme d’autres monuments de la ville, offrant aux passants un moment féerique. Postez-vous sur l’impressionnant Pont aux chaînes, le premier à avoir relié les deux rives, pour admirer le spectacle. Faites la même chose, un peu plus tôt, si vous êtes amateur de couchers de soleil magiques. Il y a de quoi faire pâlir de jalousie un Parisien de mauvaise humeur.
UN PEUPLE FIER DE SON PASSÉ
Autre incontournable touristique, l’avenue Andrássy rappellera à beaucoup les Champs-Élysées de par sa largeur, ses arbres alignés par dizaines, ses élégantes bâtisses qui abritent souvent des ambassades, ou encore ses boutiques de luxe.
Avant même de débuter votre promenade sur l’artère principale de la ville, pensez à vous arrêter à la «Notre-Dame-deParis» de Budapest, la basilique SaintÉtienne, située à quelques dizaines de mètres de l’avenue. On y trouve la relique de la main droite du roi. N’hésitez pas à monter les 352 marches pour profiter d’une magnifique vue sur la ville (il y a aussi un ascenseur).
Une fois revenu sur l’avenue Andrássy, il ne vous reste plus qu’à flâner, non sans profiter de l’occasion pour y prendre le métro. La ligne 1 vous replonge en effet dans l’histoire de ce moyen de transport en Hongrie, premier pays à l’avoir adopté après la Grande-Bretagne. Le ravissant décor est resté ancré dans le début du 20e siècle. La ligne a gardé un charme unique, propre à l’esprit de l’Europe centrale de cette époque, tel qu’il a pu être montré dans The Grand Budapest Hotel, même si le film de Wes Anderson n’a pas été réalisé en Hongrie.
Équivalent symbolique de l’Arc de triomphe, l’Hosök tere (la Place des Héros) se trouve au nord de l’avenue Andrássy, entourée de deux des plus importants musées de la ville, le Musée des Beaux-Arts et le Mucsarnok. Les statues des rois magyars, l’autre nom donné aux Hongrois, et de l’archange Gabriel, la couronne du pays à la main, rendent hommage à ceux qui ont fait l’histoire de la Hongrie.
Les Hongrois sont un peuple fier de leur passé fait d’incessantes luttes pour la liberté. Comme Paris, Budapest est marquée par les soubresauts historiques. La ville elle-même est le résultat d’un accord qui a permis d’unir l’ancienne Buda à Pest et Óbuda, dans la dernière partie du 19e siècle.
Perché sur une colline, le palais de Budavár est l’un des symboles de cette histoire mouvementée. Construite au 13e siècle après l’invasion mongole, la résidence offi- cielle des rois de Hongrie a ensuite servi de base tant aux Ottomans qu’aux représentants des Habsbourg, lorsque la famille impériale autrichienne avait la mainmise sur le pays. Le château a aussi subi le joug nazi puis les bombes soviétiques. Autant d’ennemis finalement chassés.
À l’image du palais du Louvre, le château abrite aujourd’hui deux musées: la Galerie nationale hongroise et le Musée historique de Budapest.
PARMI LES MOINS CHÈRES D’EUROPE
Parmi les envahisseurs entrés dans Budapest, les Ottomans ont laissé une trace dont les touristes se réjouissent aujourd’hui: les fameux bains. Construits également par les Romains, les thermes constituent l’une des attractions qui font aujourd’hui la réputation de Budapest à l’étranger.
Si vous avez le temps, on ne peut que vous conseiller de les essayer tous; si vous choisissez d’être raisonnable, choisissez les bains Széchenyi, spectaculaire structure située en plein coeur du Városliget, le Bois de la ville. Vous avez le choix parmi les 15 piscines intérieures et les trois extérieures. Le prix reste très raisonnable: 24 $ pour la journée.
BUDAPEST, Hongrie | Beaucoup des louanges dites habituellement à Paris peuvent également être adressées à une autre Ville Lumière, située à quelques centaines de kilomètres de là, à l’est : Budapest. La capitale hongroise offre en plus l’avantage de coûter beaucoup moins cher. Antoine Aubert Agence QMI
Le coût de la vie est d’ailleurs l’un des grands avantages de Budapest, souvent décrite comme l’une des capitales les moins chères d’Europe. Ainsi, il est possible de trouver des chambres sur le site d’hébergement Airbnb à moins de 35 $ la nuit, ou des chambres d’hôtel trois étoiles à quelque 50 $. Il n’en va pas de même à Paris, loin de là!
Autre indicateur de cette vie «bon marché»: la bière. Selon le site pintprice.com, une pinte coûte en moyenne 1,70 $ à Budapest, comparativement à… 8,94 $ dans la capitale française. À l’image de ce qui se fait en Allemagne ou en République tchèque, vous pouvez en outre profiter des «Beerbikes», sortes de comptoirs ambulants, où les clients pédalent et traversent la ville, tout en sirotant leur boisson.
Au fond, le seul domaine où Paris sort réellement gagnant de sa comparaison avec Budapest demeure la langue. Le hongrois passe pour l’une des langues les plus difficiles au monde et l’anglais des habitants demeure basique. Ces problèmes de communication seront, malgré tout, largement compensés par la beauté de cette ville encore trop mal connue.