Le Journal de Montreal - Weekend
RÊVER L’AVENIR…
C’est en 1955 que Walt Disney inaugure, dans son parc d’attractions de Disneyland, un endroit futuriste où les visiteurs peuvent découvrir les inventions et changements à venir. Baptisé Tomorrowland, ou Le monde de demain, cette partie du parc sans cesse
Le projet est, dès le départ, très ambitieux. Brad Bird et Damon Lindelof, les producteurs et scénaristes (Brad Bird, qui a signé le film d’animation Les Incroyables agit à titre de réalisateur) partent du principe que la vision optimiste de Walt Disney s’est étiolée avec le temps, les générations actuelles étant de plus en plus cyniques. C’est ainsi que naît l’idée du personnage de Frank Walker (George Clooney), un inventeur désabusé, faisant voyager Casey Newton (Britt Robertson), une adolescente enthousiaste et curieuse dont le père va perdre son emploi à la NASA, dans un monde futuriste idéal.
«Le point de départ de mes idées a été la nature même de l’histoire ainsi que le point de vue dans lequel le spectateur est placé», décrit Scott Chambliss, le chef décorateur du long métrage.
Car un chef décorateur ne se contente pas d’imaginer et de faire construire des décors, il doit également donner vie à l’univers complet du long-métrage, effets spéciaux et accessoires inclus. Un travail de titan sur cette production au budget de 190 millions que l’homme a entamé en septembre 2012. «Le tournage s’est achevé en février 2014 et j’ai ensuite continué en tant que consultant pendant la période de postproduction», mentionne-t-il afin de donner une idée de l’ampleur du projet.
«Parce que nous savions, dès le début, que l’ADN du film était composé d’opti- misme – et traitait aussi du manque d’optimisme dans notre culture -, nous nous sommes demandé ce qui pouvait générer, chez le spectateur, de bons sentiments. C’est ainsi que j’ai abordé Le monde de demain. En fait, c’est comme ça que j'aborde tous les films pour lesquels je crée le design [ Star Trek et Mission: Impossible
III], c’est l’émotion du scénario qui me guide.»
Et en cela, en s’attachant à montrer une vision positive de l’avenir, Scott Chambliss est demeuré fidèle à l’esprit de Walt Disney. «C’est effectivement demeuré la ligne directrice tout au long du projet. Ce que j’ai trouvé de particulièrement intéressant dans le scénario – et j’espère sincèrement que c’est encore perceptible dans ce que verra le public -, c’est que, même s’il s’agit là d’une production des studios Disney, les sujets abordés sont ceux du pessimisme ambiant, des raisons de cette attitude et de la manière de retrouver le bon côté des choses. C’est loin d’être une histoire stupide ou naïve et c’est probablement ce qui me surprend le plus», dit-il dans un grand éclat de rire.
QUAND L’IMAGINAIRE DEVIENT RÉEL
Ce Monde de demain dans lequel Casey Newton se rend est né d’une légende, celle que Gustave Eiffel a rassemblé Thomas Edison, Jules Verne et Nikola Tesla un soir de 1889. Les quatre visionnaires ont alors créé Plus Ultra, une société secrète destinée à construire une ville du futur, dépourvue de gestion politique. Et c’est dans les années 1960 que Walt Disney a rejoint cette confrérie et que la cité secrète a vu le jour.
Le mandat de Scott Chambliss a donc débuté par des quantités astronomiques de recherches, jumelées à sa connaissance du travail de l’architecte Santiago Calatrava, qui a créé la cité des arts et sciences à Valence, en Espagne, où s’est d’ailleurs déroulée une partie du tournage. «Une partie de mon travail consiste à me promener aux quatre coins du monde et à tout observer, qu’il s’agisse d’architecture, des arts en général, de la photographie, des réalités culturelles, ce qui est à la mode, les avancées technologiques, etc. Ce sont tous ces éléments qui se retrouvent dans la marmite de mes designs.»
Le monde de demain regorge aussi de détails qu’apprécieront les parents. Space Mountain, l’une des attractions phares des parcs Disney, figure d’ailleurs dans le long métrage, de même que des jetpacks (réac- teurs dorsaux en bon français). Et Scott Chambliss s’est aussi amusé à concevoir les milliers d’accessoires vus dans le long métrage, dont certains dans un magasin qui contient de vieux objets, «un amalgame des boutiques qui vendent de vieux comics et que je fréquentais quand j’étais jeune».
GÉNÉRATION DÉSENCHANTÉE?
Tradition Disney oblige, Le monde de demain est familial pouvant être vu par des préadolescents, génération extrêmement particulière parce qu’élevée dans un monde hyper technologique. «C’est bien la question: comment leur insuffler l’optimisme? J’ai envie de vous dire que la réponse facile est de faire en sorte que l’histoire qui leur est racontée soit engageante et surprenante du début à la fin. Ainsi, nous présentons des choses qu’ils ne connaissent pas.»
Le monde de demain fait rêver les familles du Québec dès le 22 mai