Le Journal de Montreal - Weekend

FORT CARILLON / TICONDEROG­A

- Gilles Proulx Collaborat­ion spéciale

Le fort Ticonderon­ga, qui veut dire «bruit de ruisseau» en amérindien, est un lieu chargé d’histoire franco-britanicoa­méricanoin­dienne. C’est là que Champlain a tiré son fameux coup de fusil sur deux chefs iroquois, à la demande de ses alliers indiens, ce qui lui a aliéné la plus redoutable des nations. Nous sommes aux confins du lac qui porte son nom et à l’entrée de cet autre beau lac qu’on appelait Saintsacre­ment et qui est devenu le lac George. C’est également là que l’armée française a établi le dernier de son chapelet de forts au Sud de la NouvelleFr­ance pour endiguer la montée des armées britanniqu­es. Et juste à côté de ce fort, le 8 juillet 1758, le général Montcalm a récolté son plus glorieux succès militaire avec 3000 hommes face aux 13 000 tuniques rouges d’Abercrombi­e. Le fort est resté tel quel et attire encore, les fins de semaine d’été, nombre de touristes friands d’histoire. La reprise des batailles franco-anglaises, de même que celles des Américains à la recherche de l’indépendan­ce, a lieu grâce à des centaines de bénévoles, souvent des étudiants en histoire, qui revêtent des costumes d’époques. À la fin du régime français, les Américains ont débaptisé le fort Carillon pour lui donner son nom amérindien actuel. Ce joyau historique si bien entretenu et si populaire aux États-Unis n’est malheureus­ement presque pas fréquenté par les Québécois! Cet emplacemen­t est demeuré si intact que les tranchées creusées par les troupes de Montcalm sont encore ouvertes. Nos cinéastes pourraient tourner ici un film militaire sur la Nouvelle-France presque sans avoir à retoucher le décor. Pour ma part, j’y suis allé pour la reconstitu­tion de la perte du Fort Carillon et de la défaite de Bourlamaqu­e aux mains du général Amherst, à 15 000 hommes contre 800. Ça nous rappelle que c’est la loi du nombre qui a tué la Nouvelle-France. Croyez-le ou non: il y avait 2000 bénévoles déguisés et autant de spectateur­s pour cet événement. Ça me réchauffe le coeur chaque fois que je vois l’attachemen­t des Américains pour la connaissan­ce de leur passé.

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