Le Journal de Montreal - Weekend
REPRENDRE GOÛT À LA VIE APRÈS LE DEUIL
Dans I’ll See You in my Dreams, la mère de Gwyneth Paltrow, Blythe Danner, incarne une veuve septuagénaire qui reprend goût à la vie, un rôle qu’elle a reçu comme un cadeau.
À 72 ans, Blythe Danner monte encore régulièrement sur les planches des théâtres, tant à Broadway qu’à Londres. Au cinéma, on la voit régulièrement dans des rôles secondaires. Actuellement, elle est à l’affiche de I’ll See You in my Dreams, écrit par Marc Basch et Brett Haley et réalisé par ce dernier.
«J’ai reçu le scénario, l’ai lu et me suis demandé quel rôle ils voulaient que je tienne. Vous savez, je ne lis jamais les lettres qui accompagnent les scénarios», a-t-elle confié lors d'une journée de promotion du long-métrage. «J’ai immédiatement été enthousiaste. En fait, je me demande encore – et les autres acteurs aussi – comment ce jeune homme [NDLR: il a 31 ans] a pu écrire cette histoire au sujet d’une femme de 70 ans.»
«Je me suis sentie également accablée quand j’ai appris que le tournage ne durerait que 18 jours et que j’allais être dans toutes les scènes! Je crois que c’est mon expérience du théâtre qui m’a permis d’y arriver. […] Je n’ai que très rarement l’occasion de jouer des femmes complexes pour le cinéma et c’est pour cette raison que ce rôle est un véritable cadeau.»
SCÉNARIO
I’ll See You in my Dreams fait partie de ces films qui s’adressent aux baby-boomers, clientèle de plus en plus prisée en raison du vieillissement de la population. Le longmétrage s’ouvre avec la mort du chien de Carol, un événement qui lui fait prendre conscience de la routine de son existence, passée entre ses parties de bridge avec ses amies et ses journées chez elle. Elle se lie d’amitié avec Lloyd (Martin Starr), le jeune homme chargé de l’entretien de sa piscine, tout en faisant la connaissance de Bill (Sam Elliot), riche retraité charmant, avec qui elle a une relation amoureuse.
«Tout était dans le scénario. D’habitude, il faut que je m’isole et que je fouille en moi pour aller chercher tel ou tel aspect [d’un personnage]. Dans ce cas précis, tout était là, habilement et merveilleusement écrit. De plus, comme j’ai un certain âge, je suis passée à travers une série de deuils, je n’ai eu qu’à puiser dans mon vécu pour avoir accès à ces sentiments», a-t-elle indiqué.
«Je conserve un souvenir très étrange du tournage, a-t-elle précisé. Je n’avais pas l’impression de tourner un film, tant [ I’ll See You in my Dreams] est un partage d’expériences de vie.»
Blythe Danner a été ravie de pouvoir donner la réplique à Sam Elliott, elle qui n’avait jamais travaillé avec lui auparavant. «Chaque fois que j’entends sa voix à la radio, j’arrête ce que je fais tellement elle est sexy. J’étais un peu nerveuse puisque nous devions nous embrasser et que, dans une scène, nous couchons ensemble. Mais ces moments ont été tellement bien filmés que cela n’a jamais été inconfortable. Sam a rendu le tout très simple. Je dois avouer que sa moustache blanche m’intimidait beaucoup [rires]».
Porté à bout de bras par Blythe Danner, I’ll See You in my Dreams est un sympathique long-métrage sur les amours des septuagénaires.
I’ll See You in my Dreams se situe dans la lignée de ces longs métrages pour babyboomers (tels que Bienvenue au Marigold Hotel) qui abordent, avec beaucoup d’humour, des sujets aussi graves que la maladie, la vieillesse et la mort. Si ce long métrage comprend une solide dose de plaisanteries et de moments cocasses, le coscénariste se contente d’effleurer des thématiques plus sérieuses. Blythe Danner, excellente en Carol, semble parfois un peu superficielle, surtout quand on la compare aux personnages incarnés par Judi Dench ou Maggie Smith dans l’excellent Bienvenue au Marigold Hotel.
En fait, il manque au film de 92 minutes une certaine finesse que la distribution éblouissante ne parvient pas à compenser. Mais que cela ne vous empêche pas d’aller le voir en salle, vous passerez un agréable moment.