Le Journal de Montreal - Weekend
Une chronique estivale
Pour son premier long-métrage de fiction, le cinéaste québécois François Péloquin a choisi de poser sa caméra sur l’errance de la jeunesse en région.
Scénarisé avec Sarah Lévesque, son film Le bruit des arbres raconte l’histoire du jeune Jérémie, 17 ans, qui vit dans un village du Bas-Saint-Laurent avec son père Régis (Roy Dupuis). Ce dernier aimerait voir Jérémie travailler à ses côtés dans la scierie familiale, mais l’adolescent préfère plutôt sa voiture, le hip hop et les virées avec ses amis.
«Je voulais avec le film souligner l’importance de la culture régionale», indique François Péloquin en entrevue.
«Pour moi, la vraie culture québécoise est ancrée en région. Mais on ne donne malheureusement pas beaucoup de visibilité à la région dans les médias. Ce qui fait que les jeunes en région ne voient pas où ils peuvent se reconnaître. Ils vont donc s’identifier à la culture américaine qui est colportée dans les médias ou dans les vidéoclips de musique plutôt que d’apprendre à vivre comme leurs parents vivaient.»
François Péloquin décrit son film comme une «chronique estivale» sur l’adolescence: «L’adolescence est un beau moment de flou et d’incompréhension, mais c’est aussi un moment où on tourne le dos à nos racines. Pour moi, l’analogie de l’adolescence fonctionne bien avec la culture québécoise en ce moment. J’ai l’impression que le Québec tourne le dos à ses racines.»
30 SCÈNES
Sur le plan cinématographique, le cinéaste a adopté une approche minimaliste en écrivant un scénario qui se résumerait en une trentaine de scènes seulement.
«On a voulu travailler des moments plus longs, plus étoffés dans lesquels les personnages se révèlent davantage», explique-t-il.
«Les personnages du film ne sont pas qu’au seul service de l’histoire. On les voit vivre dans le film. J’aime m’installer sur un banc de parc et regarder les gens vivre et j’ai voulu donner cette impression avec le film.»
Tourné dans la région de Matane l’an passé, Le bruit des arbres est passé tout près d’être retenu au Festival de Cannes. Le film a notamment attiré l’attention des programmateurs de la section parallè- le La Semaine de la critique, qui se consacre aux premières oeuvres. Mais c’est finalement au Festival de Karlovy Vary, en République tchèque, que le long-métrage de François Péloquin lancera sa carrière internationale.
«J’entends beaucoup de belles choses sur le festival de Karlovy Vary mais je suis particulièrement emballé par le fait qu’on me dise que c’est un public très jeune et très cinéphile, admet François Péloquin. Pour moi, Le bruit des arbres est un film sur la jeunesse et c’est important que les jeunes le voient.»