Le Journal de Montreal - Weekend
LAURENT LAFITTE
L’acteur français Laurent Lafitte est partout en ce moment sur les écrans du Québec. À l’affiche de Papa ou maman, comédie loufoque avec Marina Foïs, il est également dans Elle l’adore, suspense à l’humour noir, et se retrouvera dans Tristesse club le 10
Jeanne Herry, fille de Miou-Miou et de Julien Clerc, signe, avec Elle l’adore, son premier long-métrage en tant que scénariste et réalisatrice. Un projet qu’elle a mis 10 ans à peaufiner. «J’ai été contacté un an avant le début du tournage, a expliqué Laurent Lafitte en entretien téléphonique. Sandrine [Kiberlain, sa covedette], elle, était sur le film depuis plus longtemps.»
Dès le début, l’histoire particulière d’Elle l’adore a séduit l’acteur. Il y incarne Vincent Lacroix, un chanteur extrêmement populaire, suivi depuis des années par une groupie, Muriel Bayen (Sandrine Kiberlain). Quand sa compagne meurt accidentellement au cours d’une scène de ménage, il demande à Muriel de l’aider à cacher le corps. Commence alors une aventure déjantée, riche en rebondissements de toutes sortes.
«À l’époque, le scénario était déjà très abouti. C’est vrai que c’est une écriture très précise, notamment dans l’intrigue et dans l’évolution de celle-ci. Après, j’ai apporté une petite suggestion par rapport à la fin que je ne trouvais pas nécessairement satisfaisante par rapport au parcours de mon personnage. Je trouvais qu’on ne voyait pas assez de changement dans son parcours, et à la fin – sans rien gâcher –, c’était important pour moi qu’on voie qu’il n’allait pas sortir impunément de cette histoire.»
UN THRILLER DOCUMENTÉ
Malgré les situations complètement décalées et les dialogues truculents, Laurent Lafitte ne considère pas Elle l’adore comme une comédie. «C’est un thriller. Il peut y avoir des moments un peu drôles, comme dans les films d’Hitchcock, mais pour moi, ce n’est pas du tout une comédie. C’est construit comme un thriller. Quand on rit, c’est à cause de la pression poussée à son maximum. La mythomanie du personnage de Sandrine commence à prendre une place dans l’intrigue, et du coup, ça c’est drôle.»
Et le travail de préparation au rôle «s’est fait en préparant tous les documents d’archives du chanteur, quand on a pris les photos, les pochettes d’albums, ses affiches, etc. Ce matériel est censé représenter toute l’admiration que Muriel Bayen a pour ce personnage. Il fallait que ce soit très crédible et très conséquent. On en a donc fait beaucoup. C’est à ce moment-là qu’avec Jeanne, on a créé le personnage. On lui a créé son look, ses attitudes, on a déterminé quel type de chanteur il était et son répertoire.»
Mais le comédien n’a pas inventé une vie complète à son personnage. «Je ne suis pas très method acting. Je trouve qu’il y a plein de personnages pour lesquels ce n’est pas nécessaire. Pour [Vincent Lacroix], je n’ai pas eu besoin de me demander d’où il venait, ce qu’il mangeait le matin, etc. Ce qui était indiqué dans le scénario me suffisait», a-t-il expliqué.
Vincent Lacroix a beau être un chanteur extrêmement populaire – il a reçu des disques d’or et on le voit même à l’émission de variétés de Michel Drucker –, Laurent Lafitte ne pousse aucune vocalise dans le film, un choix délibéré. «J’aime bien chanter, ça m’aurait amusé. Mais c’est beaucoup plus intelligent de ne pas chanter. C’est toujours difficile de voir un acteur chanter au cinéma, il y a quelque chose de pas très
crédible.»