Le Journal de Montreal - Weekend

DE FILM POLICIER

- Avec Sandrine Kiberlain et Laurent Lafitte.

Film de Jeanne Herry.

fait, elle est limite harceleuse et Vincent s’est, jusqu’à un certain point, habitué à sa présence.

Vincent, de son côté, est imbu de lui-même comme bon nombre de vedettes. Mais il est surtout malheureux en ménage. Il ne cesse de se disputer avec Julie (Lou Lesage), sa conjointe, qui meurt accidentel­lement lors d’une dispute. Que fait Vincent? Il demande l’aide à Muriel!

Muriel – c’est elle qui ouvre le film, lors d’une scène dans laquelle elle raconte une histoire abracadabr­ante à ses deux enfants dont elle n’a pas la garde – est fondamenta­lement sympa parce que dénuée de méchanceté. Certes, on ne sait jamais trop ce qui est vrai ou pas avec elle, mais elle n’hésite pas une seconde à aller en Suisse, chez la soeur de Vincent avec le cadavre de Julie dans le coffre de la voiture.

Si elle accepte avec autant d’enthousias­me, c’est qu’elle ne sait pas ce qu’elle transporte. Elle fait confiance à Vincent, l’homme lui expliquant qu’il s’agit d’une mission de la plus haute importance. Mais avec Muriel, rien n’est simple et le plan initial ne se déroule pas comme prévu. Entrent alors en scène deux flics (Pascal Demolon et Olivia Côte) absolument hilarants et dont les disputes amoureuses ponctuent l’enquête.

L’humour noir d’Elle l’adore est tout en finesse et les rebondisse­ments sont suffisamme­nt originaux pour que l’on ait hâte de connaître le dénouement. Il faut d’ailleurs saluer Sandrine Kiberlain de pouvoir dire ses répliques surréalist­es avec autant de sérieux ainsi que le naturel de Laurent Lafitte, aussi haïssable que sympathiqu­e. Bref, ce long-métrage amorce de manière bien prometteus­e la carrière de Jeanne Herry et on souhaite la revoir derrière la caméra aussi vite que possible.

Prenant son titre de la manière dont la fille appelle sa maladie, Infinitely Polar Bear ne tombe jamais dans le pathétique, même quand il s’agit d’instants particuliè­rement éprouvants, comme ce moment où Cam décide de sortir un soir en laissant les fillettes toutes seules dans l’appartemen­t. La musique, les décors, accessoire­s et costumes contribuen­t aussi à cette impression de légèreté, même quand les enfants doivent compenser avec les limitation­s de leur père.

Au fur et à mesure des scènes (la narration n’est pas linéaire), on en découvre un peu plus sur la dynamique familiale, comme les raisons qui poussent les parents de Cam à ne pas lui venir en aide financière­ment. Maya Forbes prend soin, également, d’utiliser l’humour pour faire de l’émotion (Cam passant la nuit à recoudre la robe de sa fille ou les fillettes expliquant à leur père pourquoi elles ne veulent pas qu’il socialise avec leurs amis). Il y a aussi des moments graves, un sous-texte sur le contexte racial qui prévaut aux États-Unis et des répliques jouissives sur l’état d’homme au foyer.

Cet Infinitely Polar Bear peut aisément passer pour une comédie légère dans laquelle il ne se passe pas grand-chose. Détrompez-vous. Au-delà des artifices de scénarisat­ion et de mise en scène, on y trouve un long métrage extrêmemen­t émouvant, porté par des acteurs solides, et qui, au fond, fait beaucoup de bien.

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Mark Ruffalo dans Infinitely Polar Bear.

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