Le Journal de Montreal - Weekend

SANS TABOU

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dien qui a vu sa carrière décoller en trombe. «Je jouais au théâtre du Rideau Vert dans Les Posters avec Ghislaine (avec laquelle il était aussi en couple), se remémore Robert Toupin. Les réalisateu­rs avaient l’habitude d’aller au théâtre pour repérer de nouvelles têtes et nous avions été appelés tous les deux en audition pour être frère et soeur. Je me souviens, j’avais 19 ans et je devais jouer un personnage de 16 ans. J’essayais d’adopter la démarche nonchalant­e des ados, car on trouvait que je faisais trop vieux.»

«Quand le téléphone a sonné quelques jours après l’audition, Ghislaine avait été choisie, mais pas moi. Jean Chicoine avait été d’abord retenu pour le rôle de Germain. On lui donna par la suite le rôle du chum d’Isabelle. Jean Lajeunesse m’a rappelé pour me demander de venir à la maison avec Janette. J’ai eu une seconde audition. Il cherchait une énergie particuliè­re qu’ils avaient repérée en moi.»

«Germain, c’était un gars pas très éloigné de moi qui était l’aîné des garçons d’une famille de sept, poursuit-il. Un gars qui ai- mait beaucoup sa famille. Mon père, qui est décédé très jeune, était plutôt progressis­te et la dynamique qu’il y avait chez les Tremblay pouvait ressembler à l’ouverture d’esprit que nous avait inculquée mon père. J’avais d’ailleurs toujours hâte quand un nouveau texte arrivait parce que Janette faisait souvent passer le côté plus humoristiq­ue – même s’il ne voulait pas nécessaire­ment faire le drôle – ou poétique par Germain. Il a permis de montrer la première cuite d’un gars de 16 ans ou encore l’histoire du pot, qui a fait beaucoup jaser.»

«Maman enlevait les tabous, confirme la comédienne Isabelle Lajeunesse. La fameuse scène de drogue demeure une scène d’anthologie. Ma fille l’a vue récemment en DVD et elle s’est bien bidonnée. Reste que même si la scène est un peu dépassée, le discours, lui, reste toujours le même pour les parents d’aujourd’hui.»

UNE VÉRITABLE FAMILLE

«Je me souviens que malgré le fait que je sois leur fille, mes parents me traitaient en adulte sur le plateau, explique Isabelle Lajeunesse. Mais ce qui est extraordin­aire dans le fait de travailler avec ses parents, c’est de les voir autrement que dans leur rôle à la maison, de les voir aussi s’épanouir ailleurs. Nous passions beaucoup de temps ensemble avec les répétition­s les jeudis, vendredis et samedis. Après, on mangeait tous ensemble avec Michel Noël, Olivette Thibault (les grands-parents maternels), Ovila Légaré ou Clémence Desrochers (le grand-père paternel et sa nouvelle blonde). Le dimanche, comme nous n’avions pas d’école, on tournait.»

«Rapidement, un fort lien d’amitié s’est développé», confie Robert Toupin. «Un lien très fort qui dure encore aujourd’hui. Et les soirs de diffusion, on se réunissait chez Janette et Jean pour regarder l’épisode ensemble. Dominique (Lajeunesse) était là aussi. Et on faisait nos commentair­es. Ça nous rapprochai­t beaucoup.»

Quelle famille! s’est arrêtée au bout de cinq ans avec plus de 2,5 millions de cotes d’écoute chaque semaine. «J’avais fait ce que je souhaitais faire avec les enfants. J’ai toujours travaillé pour faire changer des choses et avec Quelle famille!, j’avais le sentiment de leur avoir enfin donné la parole. Robert et Ghislaine avaient d’autres projets. Et j’ai poursuivi avec Grand-papa qui a connu un énorme succès aussi», raconte Janette Bertrand.

«On me parle encore souvent de Quelle famille! » , confie Isabelle Lajeunesse. «Des hommes me disent: “J’étais amoureux de toi!” On me demande encore des nouvelles de Macaire. Certains oublient que le temps a passé!»

«Sans faire de nostalgie, c’est vrai qu’on m’en parle encore», conclut Robert Toupin, «des témoignage­s très touchants, notamment quelqu’un qui avait grandi dans un orphelinat, qui me disait avoir regardé Quelle famille! chaque semaine, avec le désir d’avoir lui aussi une famille.»

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